Macron à Londres : une diplomatie de l’image à l’épreuve des réalités

Emmanuel Macron a célébré l’«entente amicale» avec le Royaume-Uni lors d’une visite d’État fastueuse. Entre calèches royales et discours au Parlement, la démarche, bien que symbolique, peine à convaincre face aux défis concrets, comme l’immigration.

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Le 8 juillet 2025, Emmanuel Macron a entamé une visite d’État de trois jours au Royaume-Uni, la première d’un dirigeant européen depuis le Brexit. Accueilli par le prince William et Kate à Northolt, puis conduit en calèche avec le roi Charles III à Windsor, le président français a multiplié les gestes symboliques, célébrant l’« entente amicale » franco-britannique.

Lors d’un dîner d’État réunissant 150 convives, dont Elton John, il a salué une alliance essentielle pour la paix européenne, tandis que Charles III, s’exprimant en français, a appelé à « montrer la voie » face aux menaces globales.

Une visite d’État entre symbole et scepticisme

Devant le Parlement à Westminster, Macron a plaidé pour une coopération renforcée, notamment sur l’Ukraine, promettant un soutien indéfectible. Il coprésidera le 10 juillet une réunion de la « coalition des volontaires » pour renforcer la défense ukrainienne.

Sur l’immigration clandestine, il a promis des « résultats tangibles », malgré un record de 21 000 traversées de la Manche en 2025. Économiquement, l’annonce d’une participation d’EDF à la centrale nucléaire de Sizewell C (1,3 milliard d’euros) vise à consolider les liens.

Pourtant, cette débauche de faste suscite des critiques. Certains, comme le député de la France insoumise (LFI) Éric Coquerel, jugent la visite « inaudible », un exercice de communication coûteux pour un président impopulaire en France.

« Affichage sentimental »

Le Daily Telegraph fustige un Macron « victorieux » cherchant à imposer ses vues post-Brexit, tandis que The Times qualifie l’événement d’« affichage sentimental » face aux réalités d’un continent sous tension. La question migratoire, point de friction majeur, reste sans avancée concrète, Londres réclamant des interventions françaises en mer que Paris refuse pour des raisons juridiques.

Côté culturel, le prêt de la tapisserie de Bayeux au British Museum, symbole fort, inquiète les défenseurs du patrimoine en raison de sa fragilité. 

Si The Guardian salue un réchauffement des relations franco-britanniques, beaucoup doutent de l’impact réel de cette visite, alors que l’arrivée de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis n’aide pas à la coopération franco-britannique. Dans un contexte de crise économique et de montée des droites, Emmanuel Macron semble privilégier l’éclat diplomatique à des résultats tangibles, laissant planer l’ombre d’une opération d’image plus que d’une véritable percée stratégique.