Mali : des milliers de Maliens se rassemblent pour recrépir la mosquée de Djenné

La cérémonie annuelle du crépissage de la mosquée de Djenné a eu lieu le 12 juin. Un rituel culturel profondément enraciné, qui illustre l’importance de la transmission des savoirs et des traditions au Mali. Il s'agit d'un geste symbolique, effectué chaque année pour protéger l'édifice des intempéries.
Le 12 juin, les habitants de Djenné, petite ville historique du centre du Mali, ont une nouvelle fois célébré un événement d'une grande importance culturelle : le crépissage annuel de la mosquée.
Un rituel qui, chaque année, attire des milliers de Maliens et symbolise la transmission intergénérationnelle d'un savoir-faire ancestral. Cette cérémonie, bien plus qu'un simple geste de préservation, est une manifestation vivante de la solidarité communautaire et de la fierté collective.
Le plus grand monument en terre au monde
La mosquée de Djenné, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1988, est le plus grand monument en terre au monde. Construite pour la première fois au XIIIe siècle avant d’être détruite, elle fut entièrement reconstruite en 1907 dans le respect de son architecture originelle.
Véritable chef-d'œuvre du style sahélo-soudanais, ses trois minarets majestueux sont devenus un symbole non seulement de la ville, mais aussi du Mali tout entier.
Chaque année, avant la saison des fortes pluies, les habitants de Djenné se rassemblent pour recouvrir les murs de l'édifice d'un enduit fait de banco, un mélange de terre, d'eau et d'autres ingrédients naturels comme le riz, le beurre de karité et la poudre de baobab. Ce mélange, fabriqué par les habitants eux-mêmes, est appliqué avec soin pour protéger la mosquée des intempéries et de l’érosion, qui peuvent sérieusement endommager le monument pendant la saison des pluies, particulièrement violentes dans la région du Sahel.
Aboubacar Sidiki Djiteye, un jeune homme de la ville, participe avec enthousiasme à cette tradition : « Cette mosquée appartient aux populations du monde. Il n’y a pas de plus grand événement à Djenné que le crépissage de la mosquée », déclare-t-il, son visage couvert de boue, symbole de son engagement dans ce moment « fédérateur ».
Un acte communautaire joyeux
Le crépissage est avant tout un acte communautaire. Bayini Yaro, une des femmes de Djenné, explique : « C’est une tradition léguée de génération en génération. Nous apportons de l’eau aux hommes pour qu’ils puissent préparer le banco. » Ce rituel de préparation de l'enduit se fait dans une atmosphère joyeuse, accompagnée de musique dansante et de rythmes de tambours, contribuant à renforcer les liens sociaux et à maintenir vivante une pratique ancestrale.
Après le crépissage, une cérémonie de bénédiction a lieu dans la cour de la mosquée, avec une lecture de versets coraniques et un partage de dattes et de douceurs. Ce moment de communion entre les participants souligne l'importance religieuse et culturelle de l'événement, tout en célébrant le lien spirituel qui unit la mosquée à la communauté.
Le crépissage de la mosquée de Djenné est un témoignage vibrant de la résilience d’une communauté face aux défis du temps et de l’espace. Il incarne la fusion de la préservation du patrimoine et de la continuité des traditions, tout en mettant en lumière l'importance de la culture comme pilier de l’identité collective des Maliens. Une tradition qui traverse les âges et les épreuves, et qui continuera à marquer les générations futures.