Le Burkina Faso produit ses premiers lingots d’or à partir de résidus miniers
Au Burkina Faso, des lingots d'or ont été produits pour la première fois par une société locale à partir du traitement des déchets de l'industrie aurifère, six ans après l’éclatement d’un scandale ayant révélé les pratiques frauduleuses d’une société minière étrangère.
Le nouveau Premier ministre du Burkina Faso, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, a présidé le 10 décembre une cérémonie de remise à l'État de 44 lingots d’or issus du traitement des résidus miniers par la nouvelle société semi-étatique Golden Hand SA. Il s’agit des tout premiers barreaux d’or produits localement à partir de déchets aurifères par ce pays africain riche en mines d’or.
Selon Ouédraogo, ces lingots permettront de reconstituer la réserve nationale d'or. Le chef du gouvernement a rappelé la disposition du Burkina Faso à défendre sa souveraineté dans tous les domaines, avec un accent particulier sur le secteur minier. Il a ajouté que les résidus issus de l’extraction de l’or ne seraient plus traités en dehors du pays du Sahel.
La remise de ces lingots intervient alors que le gouvernement militaire, arrivé au pouvoir avec le coup d'État du 30 septembre 2022 et dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré, a fait de la souveraineté du pays le principe de sa gouvernance, entamant par ailleurs un processus de nationalisation des ressources minières du pays.
Les lingots d’or, produits par l’entreprise locale Golden Hand SA, marquent ainsi une nouvelle étape dans l’industrie aurifère de cette ancienne colonie française, dont les ressources en or ont été exploitées durant des décennies par les entreprises étrangères.
La production de ces lingots repose sur une «technologie innovante et respectueuse de l’environnement et de l’écosystème entièrement développée par les ingénieurs burkinabè», selon les déclarations du PDG de Golden Hand SA, Joachim Marie Emmanuel Tapsoba, cité dans la presse locale.
Affaire dite du «charbon fin»
Fondée par l'État en janvier 2024, Golden Hand SA est la première usine de traitement des résidus au Burkina Faso et dans la région du Sahel. L’entreprise, détenue à 40% par l'État et à 60% par des hommes d'affaires locaux, avait été créée dans le cadre de l’affaire dite du «charbon fin» qui avait opposé l’État burkinabè à la société minière canadienne IAMGOLD Essakane SA.
Le scandale remonte à 2018 lorsque la justice burkinabè avait donné l’ordre de saisir des containers chargés de 495 tonnes de charbon fin de la société IAMGold Essakane SA, contenant 304,273 kg d’or et 135,891 kg d’argent.
La société canadienne avait été accusée, entre autres, de faits de fraude en matière de commercialisation d’or et d’autres substances précieuses, d’exportation illégale de déchets dangereux, d’usage de faux et de blanchiment de capitaux.
En décembre 2023, le gouvernement burkinabè avait annoncé la conclusion d'un accord avec cette entreprise canadienne, aux termes duquel l'État conservait la cargaison saisie. IAMGold Essakane SA avait également consenti à payer une amende de 14,4 millions de dollars, a rappelé le Premier ministre Ouédraogo lors de la cérémonie des lingots.