Lavrov sur les avoirs russes gelés : «Les vieux instincts de colonisateurs et de pirates se soient réveillés chez les Européens»
Source: SputnikLe chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a accordé une interview à l’agence de presse RIA Novosti, dans laquelle il a abordé les avoirs russes gelés, l’état actuel des relations avec les Etats-Unis et les moyens de résoudre le conflit en Ukraine.
Dans une interview à RIA Novosti, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a fortement dénoncé le gel des avoirs russes. « De telles actions constituent une tromperie et un pillage manifestes. Il semble que les vieux instincts de colonisateurs et de pirates se soient réveillés chez les Européens. Quel que soit le plan de spoliation des fonds russes, il n’existe aucun moyen légal de le mettre en œuvre », a-t-il indiqué. Par ailleurs, le chef de la diplomatie russe ne s’étonne plus du cynisme avec lequel la Commission européenne interprète la Charte de l’ONU et d’autres normes juridiques internationales, notamment les dispositions relatives à l’immunité souveraine et à l’inviolabilité des avoirs des banques centrales.
Alors que l’Union européenne ne réussit pas à s’accorder sur l'utilisation des avoirs russes gelés pour financer l’Ukraine, Sergueï Lavrov a souligné que Kiev « ne sera pas en mesure de rembourser ses dettes et ne remboursera jamais ses emprunts ». « Conscients de cela, tous les membres de l’Union européenne ne sont pas prêts à adopter aveuglément de telles mesures, qui pourraient porter gravement atteinte à la réputation de l’Europe en tant que zone d’activité économique », a expliqué le ministre russe.
Le ministre a promis que la Russie donnerait une réponse adéquate « à toute action de brigandage conformément au principe de réciprocité, compte tenu de ses intérêts nationaux ».
Bruxelles et Londres tentent de convaincre Washington de renoncer à régler la crise en Ukraine par des moyens diplomatiques
En évoquant le conflit en Ukraine, Sergueï Lavrov a révélé que les Américains avaient assuré Moscou qu'ils pourraient faire en sorte que Zelensky ne fasse pas obstacle à la paix. « Mais apparemment, ils ont dû faire face à un certain nombre de difficultés en ce sens », a déploré le chef de la diplomatie russe. « En outre, à notre connaissance, Bruxelles et Londres tentent de convaincre Washington de renoncer à son intention de régler la crise par des moyens politiques et diplomatiques pour s’engager pleinement dans les efforts visant à exercer une pression militaire sur la Russie, c'est-à-dire de rejoindre définitivement le « camp de la guerre », a-t-il fait savoir.
Sergueï Lavrov a rappelé la nécessité d’éliminer les causes profondes du conflit en Ukraine que Moscou a maintes fois évoquées et dont les Américains ont conscience. « Personne ne remet en question l’intégrité territoriale de la Russie et le choix des habitants de la Crimée, du Donbass et de la Nouvelle Russie qui ont pris des décisions cruciales lors des référendums en 2014 et en 2022 concernant leur réunification avec leur patrie historique », a martelé le ministre russe alors que Kiev renonce à reconnaître les pertes territoriales.
Lavrov et Rubio sont prêts à organiser des réunions en personne
Concernant les relations russo-américaines, Sergueï Lavrov a indiqué qu'il subsistait « de nombreux points de friction, héritage de l’ancienne administration américaine ». Selon lui, il faudra encore beaucoup de temps pour les résorber.
Cependant, avec l’arrivée de la nouvelle administration américaine, Moscou a ressenti sa volonté de reprendre le dialogue. « Celui-ci est en cours, mais pas aussi rapidement que nous le souhaiterions », a confié le ministre russe.
Les problèmes des missions diplomatiques dans le cadre de ce dialogue, le rétablissement des vols directs et la restitution de biens diplomatiques russes illégalement confisqués par Barack Obama en décembre 2016 sont à l’ordre du jour. Sergueï Lavrov a rappelé que les biens diplomatiques russes avaient été confisqués trois semaines avant la première investiture de Donald Trump. « À l'époque, Michael Flynn, candidat au poste de conseiller à la sécurité nationale, avait appelé notre ambassadeur pour lui demander, au nom du futur président des États-Unis, de ne pas réagir durement aux provocations de l’administration démocrate sortante, affirmant que tout serait réglé dès qu’ils entreraient à la Maison Blanche. Nous attendons toujours », a révélé le chef de la diplomatie russe.
Selon lui, des contacts sont maintenus afin de poursuivre le dialogue. Le secrétaire d’État Rubio et lui-même communiquent par téléphone et sont prêts à organiser des réunions en personne si nécessaire.