En direct : à Sotchi, le discours annuel de Vladimir Poutine au club Valdaï

À Sotchi, Vladimir Poutine intervient au forum Valdaï, consacré au thème «Un monde polycentrique : mode d’emploi». La session réunit 140 experts de 42 pays pour débattre des nouvelles dynamiques des relations internationales et des défis d’un ordre mondial multipolaire.
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EN DIRECT : Vladimir Poutine participe à la séance plénière de la XXIIe réunion du Club de Valdaï
Poutine : les Européens fuient vers la Russie à cause du « terrorisme du genre »
Vladimir Poutine a indiqué qu’environ deux mille citoyens de pays occidentaux, principalement européens, avaient déposé une demande de naturalisation en Russie.
Selon lui, ces démarches s’expliquent par le climat idéologique qui règne en Europe, où certains phénomènes sociétaux, qu’il a qualifiés de « terrorisme du genre », poussent des personnes à quitter leurs pays et à chercher refuge en Russie.
« Ils sont plus nombreux [à venir] des pays européens, parce que là-bas règne ce que j’appelle le terrorisme du genre, qui vise les enfants et que rejettent de nombreuses personnes. Elles cherchent un havre de paix pour y échapper. Donc elles viennent chez nous. Tant mieux, nous allons les soutenir dans la mesure du possible », a fait savoir le président russe.
La question palestinienne
Vladimir Poutine a qualifié la situation dans la bande de Gaza d’événement tragique de l’histoire contemporaine de l’humanité. Il a affirmé que la Russie était prête à soutenir la proposition de Donald Trump sur ce dossier.
Le président russe a rappelé que le règlement définitif du conflit israélo-palestinien ne pouvait passer que par la mise en place du principe de deux États, l’un israélien et l’autre palestinien. Il a jugé préférable de confier le contrôle de Gaza au président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.
Poutine a estimé que l’initiative de Trump, prévoyant la libération de tous les otages à Gaza en échange de la libération de prisonniers palestiniens, méritait d’être appuyée.
Vers un retour aux négociations ?
Vladimir Poutine a déclaré qu’il espérait que l’Ukraine trouverait la force et la volonté de s’asseoir à la table des négociations afin d’engager un processus de règlement. « Les dirigeants de Kiev feraient mieux de réfléchir à des négociations. Nous en avons parlé à plusieurs reprises et nous leur avons proposé de le faire », a-t-il affirmé.
La Russie conserve l’initiative stratégique face à l’Ukraine
Vladimir Poutine a déclaré que le courage, la bravoure et l’héroïsme des soldats russes restaient immuables, et que le pays en éprouvait une fierté légitime. Il a précisé que, par « soldats russes », il entendait non seulement les Russes de souche, mais aussi tous ceux qui aiment et servent la Russie.
Le président a affirmé que l’armée russe constituait aujourd’hui la force la plus opérationnelle au monde, tant par sa préparation que par ses capacités techniques. Il a ajouté que, sur l’ensemble de la ligne de front, les troupes avançaient de manière régulière et conservaient partout l’initiative stratégique. Selon lui, Volchansk tombera bientôt. Deux tiers de Koupiansk sont déjà sous contrôle russe. Il a également annoncé l’entrée de l’armée russe à Seversk, Konstantinovka et Krasnoarmeïsk, précisant que certaines positions faisaient partie de lignes défensives construites par les forces ukrainiennes avec l’appui occidental depuis plus de dix ans.
Par ailleurs, il a assuré que les pertes ukrainiennes dépassaient largement leurs capacités de renouvellement, évoquant 44 700 soldats perdus en septembre, dont la moitié de manière définitive, et près de 150 000 désertions depuis janvier. Il a insisté sur le fait que les pertes russes étaient plusieurs fois moindres et que la Russie, contrairement à l’Ukraine, ne procédait pas à une mobilisation massive ou forcée.
Pour Poutine, les élites politiques ukrainiennes ne participent pas directement aux combats et se contentent d’envoyer leurs citoyens « à l’abattoir », ce qui expliquerait l’ampleur du phénomène de désertion dans l’armée.
L’OTAN est directement impliquée dans le conflit en Ukraine
Vladimir Poutine a affirmé que la Russie affronte en réalité de nombreux pays et que tous les États membres de l’OTAN participent de fait aux hostilités, sans même chercher à le dissimuler. Il a ajouté que l’implication de l’Alliance ne se limitait pas à la formation des forces armées ukrainiennes : selon lui, les instructeurs de l’OTAN prennent également part à la mise en œuvre concrète des décisions militaires.
Poutine refuse la comparaison avec Alexandre Ier
Vladimir Poutine a affirmé qu’il ne se considérait pas comme un « empereur », même si l’affaiblissement des institutions et des structures internationales oblige aujourd’hui les chefs d’État à assumer davantage de responsabilités personnelles.
Le modérateur, qui évoquait les discussions menées à Valdaï autour de la perte de poids des mécanismes multilatéraux et de la montée en puissance du rôle des dirigeants, lui avait demandé s’il se voyait dans le rôle de l’empereur Alexandre Ier, qui avait négocié l’avenir de l’Europe lors du Congrès de Vienne.
Le président a répondu qu’il ne ressentait aucune similitude : Alexandre Ier était un empereur, tandis que lui-même est un président élu par le peuple pour un mandat déterminé, ce qui constitue, selon lui, une différence fondamentale.
Le chef d’État a ajouté qu’Alexandre Ier avait « uni l’Europe par la force » après avoir repoussé l’envahisseur de Russie, mais il a souligné que l’évaluation des choix de l’empereur russe et du Congrès de Vienne relevait du travail des historiens.
Le Congrès de Vienne s’était réuni en 1814, après la défaite de la France napoléonienne, afin de redéfinir l’organisation de l’Europe à l’issue du conflit continental. La Russie y était représentée notamment par Alexandre Ier en personne.
Poutine affirme la permanence du rôle de la Russie sur la scène mondiale
Vladimir Poutine a déclaré que la Russie avait démontré qu’elle a été, est et restera toujours un acteur incontournable. Selon lui, grâce à son héritage historique, le pays est mieux préparé que d’autres à affronter la complexité de la situation internationale actuelle. Le président russe a ajouté que, même si le rôle de la Russie évolue, elle demeure une puissance sans laquelle il est difficile, voire impossible, d’atteindre l’harmonie et l’équilibre dans le monde.
Entre désaccords et intérêts communs, Poutine défend le dialogue avec les États-Unis
Vladimir Poutine a estimé qu’il est plus facile de trouver un langage commun entre pays lorsqu’on met de côté certaines ambitions, prenant pour exemple l’attitude des États-Unis. Il a affirmé que la restauration de relations complètes avec Washington faisait partie des intérêts nationaux de la Russie.
Selon lui, l’administration américaine actuelle agit en fonction des intérêts de son propre pays, ce qu’il a qualifié d’approche rationnelle. Il a cependant rappelé que la Russie se réserve, elle aussi, le droit de défendre avant tout ses propres priorités nationales.
Le président russe a reconnu que Moscou et Washington avaient de nombreux désaccords et des visions divergentes. Il a toutefois souligné qu’il s’agissait d’une situation normale pour de grandes puissances et que l’essentiel était de savoir comment résoudre ces différends.
Une nouvelle vague de décolonisation
Vladimir Poutine a affirmé qu’une véritable vague de décolonisation gagnait en ampleur. Selon lui, les anciennes colonies ne se contentent plus de leur souveraineté étatique, mais acquièrent également une autonomie politique, économique, culturelle et intellectuelle.
Le président russe a estimé que ceux qui respectent leurs propres traditions n’ont généralement pas tendance à empiéter sur celles des autres, faisant allusion aux pays occidentaux.
Il a ajouté que l’époque où « un cercle restreint d’États parmi les plus puissants dictait aux autres leur manière de vivre » appartient désormais au passé et ne reviendra plus.
L’Occident a sacrifié l’Ukraine à ses propres intérêts
Vladimir Poutine a affirmé que ceux qui avaient poussé l’Ukraine à la confrontation avec la Russie ne se souciaient pas seulement des intérêts russes, mais aussi de ceux du peuple ukrainien, qu’ils considéraient comme une simple variable sacrificielle. Il a estimé que si Donald Trump avait été au pouvoir à l’époque, le conflit aurait probablement pu être évité.
Selon lui, la tragédie ukrainienne demeure une douleur partagée par les Ukrainiens comme par les Russes.
Le président russe a ajouté que, pour l’Occident, la situation en Ukraine n’était qu’une carte dans une partie plus vaste, un prétexte pour poursuivre ses propres objectifs et même tirer profit du conflit en cours. Il a souligné que l’expansion de l’OTAN vers les frontières de la Russie avait été l’un des facteurs déterminants du conflit.
Le chef d’État a noté qu’en dépit des tentatives de propagande menées par les autorités ukrainiennes, on observe des signes clairs de changement dans la conscience collective du pays. Il a regretté que les hostilités n’aient pas encore cessé, attribuant cet échec principalement à l’Europe.
Vladimir Poutine s’exprime ce 2 octobre à Sotchi lors de la séance plénière du club Valdaï. Placée sous le thème « Un monde polycentrique : mode d’emploi », la rencontre réunit 140 experts venus de 42 pays pour réfléchir aux contours d’un nouvel ordre mondial multipolaire.
Créé en 2004, le club Valdaï rassemble chaque année des spécialistes de premier plan en sciences politique, économie, histoire et relations internationales. Il doit son nom au lac Valdaï, près de Veliki Novgorod, où s’est tenue la première conférence.