L’ancien vice-ministre russe de la Défense Timour Ivanov condamné à 13 ans de prison

Timour Ivanov a été condamné à 13 ans de colonie pour détournement de 216,6 millions de roubles lors de l’achat de ferries pour la Crimée, et pour avoir participé au retrait illégal de 3,9 milliards de roubles de la banque Interkommerz. Il conteste les faits. Le procès s’est tenu à huis clos pour des raisons de sécurité.
Le tribunal municipal de Moscou a condamné, le 1er juillet 2025, l'ancien vice-ministre russe de la Défense, Timour Ivanov, à treize ans de colonie à régime général. Il a été reconnu coupable de « détournement de fonds lors de l’achat de deux ferries pour le détroit de Kertch et de blanchiment de plus de 3,9 milliards de roubles provenant de la banque Interkommerz ». Il aurait mis en place, en 2015, un montage d’achat à travers des sociétés écrans, notamment la firme hongkongaise Tourinvest Services Limited, afin de contourner les sanctions occidentales.
Le second volet de l’affaire porte sur des montages fictifs ayant permis de faire sortir illégalement des milliards de roubles depuis le compte du même établissement bancaire. Les transferts vers l’étranger ont été justifiés par des « contrats fictifs de vente de devises et de prestations de services ».
L’ex-directeur de « Oboronlogistika », Anton Filatov, impliqué dans le même dossier, a été condamné à douze ans et demi de prison. La justice a reconnu leur responsabilité conjointe dans le détournement de 216,6 millions de roubles.
Le procès et le verdict
Le procès, entamé fin mars 2025, s’est déroulé en grande partie à huis clos en raison de la présence d’informations classées secrets d’État. Le verdict a été prononcé dans un bâtiment annexe du tribunal, à cause de travaux en cours.
En plus des peines de prison, le tribunal a ordonné la confiscation de l’ensemble des biens identifiés comme ayant servi à la « légalisation de fonds », notamment une résidence rue Povarskaïa à Moscou, une maison à Arkhangelskoïe, des comptes en devises, et plus de 65 millions de roubles saisis. Comme le précise Interfax, « le tribunal a ordonné la saisie des biens de l’accusé pour un montant supérieur à deux milliards de roubles ».
Malgré ces décisions, Timour Ivanov ne cesse de clamer son innocence. Dans sa déclaration finale, il a affirmé : « Même s’il existait des raisons de me poursuivre, elles n’ont rien à voir avec les chefs d’accusation actuels. » Il a rappelé que l’achat des ferries avait été mené conformément aux instructions supérieures et salué par une distinction officielle.
L’avocat de la défense, Mourad Moussayev, a qualifié le verdict de « répression judiciaire » dans une déclaration à RBC, affirmant : « C’est une exécution judiciaire. Aucune preuve directe n’a été présentée. »
Les suites judiciaires
Par ailleurs, Timour Ivanov fait face à un autre dossier encore non jugé, concernant des soupçons de corruption. Il est accusé d’avoir reçu l’équivalent de 1,3 milliard de roubles en travaux réalisés gratuitement sur des biens immobiliers lui appartenant ou appartenant à ses proches, en échange de l’attribution de contrats de construction.
Dans cette affaire, le nom d’Alexandre Fomine, dirigeant de la société « Olimpsitistroy », est également cité comme donneur de pots-de-vin. L’ancien vice-ministre est donc susceptible de voir sa peine rallongée si cette seconde affaire aboutit.
Depuis son arrestation en avril 2024, Timour Ivanov reste en détention. Il a été officiellement relevé de ses fonctions en mai de la même année pour « perte de confiance ». Il s’agit de l’un des premiers cas visant des responsables de haut niveau au sein du ministère de la Défense.