Le président de la Douma: l’Allemagne risque un conflit direct avec la Russie en livrant des missiles Taurus à l’Ukraine

Dans une lettre à la présidente du Bundestag, Viatcheslav Volodine dénonce les livraisons d’armes allemandes à l’Ukraine et accuse les autorités de Berlin d'entraîner le pays dans un conflit armé avec Moscou. Le président de la Douma pointe la participation de militaires allemands à des frappes potentielles de missiles Taurus contre la Russie.
La Douma, chambre basse du Parlement de la Fédération de Russie, a publié le 11 juin la correspondance officielle de son président avec Julia Klöckner, présidente du Bundestag. Dans cette lettre ouverte, Viatcheslav Volodine accuse l’Allemagne de réécrire l'histoire et de provoquer une escalade militaire. Des accusations faisant suite aux discussions en cours à Berlin sur la livraison de missiles Taurus au régime de Kiev.
Volodine affirme que ces armes sont utilisées contre des civils et représentent « une cause de conflit militaire entre la Russie et l’Allemagne ». Il qualifie de « sans précédent » la présence de chars allemands Leopard parmi les forces armées ukrainiennes. Viatcheslav Volodine met aussi en garde contre l’implication directe de militaires allemands dans l’usage des missiles: « Les missiles allemands frapperont la Russie, et ce seront des officiers allemands qui en seront chargés ». Il questionne Klöckner: « Avez-vous un mandat du peuple allemand pour cela ? De vos électeurs ? ».
Il évoque également le sabotage d’un train de passagers le 31 mai dans la région de Briansk, commis par les services ukrainiens. Il précise qu’il ne s’agissait pas d’une erreur d’artillerie, mais d’« une attaque ciblée » visant exclusivement des civils, dont des femmes et des enfants.
Mémoire historique et critique du régime de Kiev
Viatcheslav Volodine revient largement sur les déformations de l'histoire abondant, selon lui, dans les discours de Klöckner et d'autres responsables allemands. Dans son message, il s’indigne que Klöckner ait parlé de « l’ex-armée soviétique » au lieu de nommer correctement « l’Armée rouge », et rappelle la libération de Berlin au prix de 27 millions de morts soviétiques. Il critique aussi l’insistance de Klöckner à souligner la présence de soldats ukrainiens dans l’Armée rouge, estimant que cela relève de la manipulation politique.
Cette lettre fait également suite aux propos du chancelier allemand Friedrich Merz, tenus à Washington le 5 juin, où il a omis de mentionner le rôle du peuple soviétique dans la défaite du nazisme, mettant uniquement en avant les États-Unis. Le président de la Douma y voit une insulte à la mémoire et une provocation volontaire.
Volodine dénonce également la légitimité du gouvernement ukrainien actuel, en affirmant que le mandat du président ukrainien est arrivé à son terme, et qu’aucun prolongement n’est prévu par la Constitution ukrainienne. Il accuse Berlin, Paris et Varsovie d’avoir fermé les yeux en 2014 lors du « coup d’État armé » mené à Kiev. Volodine compare les méthodes du régime ukrainien à celles des nazis, évoquant notamment les attaques contre les civils russes, les hommages à Bandera, et les actes de terreur qui, selon lui, font partie intégrante de la politique de Kiev.
Un appel à l’honnêteté et à la responsabilité de Berlin
Viatcheslav Volodine adresse également à Klöckner des documents traduits, contenant des preuves des crimes du régime de Kiev contre la population civile.
Le président de la Douma rappelle que, pendant des décennies, la Russie a œuvré sincèrement au développement de relations amicales avec l’Allemagne, sans jamais agir « contre les intérêts allemands ».
« Pourquoi votre gouvernement cherche-t-il le conflit ? Qui en sortira gagnant ? L’Allemagne ? », écrit-il. Il invite les responsables allemands à la réflexion: « Posez-vous cette question encore une fois, et répondez-y honnêtement ».