Seconde Guerre mondiale : Moscou rappelle à Berlin le poids du sacrifice soviétique

Viatcheslav Volodine, président de la Douma russe, a dénoncé les propos du chancelier allemand Friedrich Merz sur la Seconde Guerre mondiale, lui reprochant d’avoir minimisé le rôle décisif de l’URSS. Il a rappelé les pertes soviétiques et a critiqué une vision occidentale qu’il a jugée sélective et amnésique.
Le président de la Douma d'État (chambre basse du Parlement russe), Viatcheslav Volodine, a accusé le chancelier allemand Friedrich Merz de falsifier l’histoire en passant sous silence le rôle déterminant de l’Union soviétique dans la victoire sur le nazisme. En évoquant le Débarquement allié de 1944 en Normandie, Merz aurait négligé de mentionner la contribution décisive de l’Armée rouge. Dans une lettre adressée à la présidente du Bundestag, Julia Klockner, ainsi qu'aux chefs des factions parlementaires allemandes, il a dénoncé les déclarations du chancelier tenues lors de sa rencontre du 5 juin avec le président américain Donald Trump à Washington.
D’après lui, ce sont les peuples soviétiques, unis dans un effort commun, qui ont porté l’essentiel du fardeau de la guerre, au prix de 27 millions de vies humaines. Il a rappelé que les dirigeants de la coalition antihitlérienne de l’époque reconnaissaient explicitement cette réalité. Viatcheslav Volodine a notamment cité Winston Churchill, qui avait souligné en 1945 que les générations futures reconnaîtraient sans réserve leur dette envers l’Armée rouge, au même titre que ceux qui furent témoins de ces victoires.
Il a également noté que les États-Unis et le Royaume-Uni n’avaient ouvert un second front qu’en 1944, et que leurs pertes totales s’élevaient à environ 800 000 morts, soit un bilan très inférieur à celui de l’Union soviétique. Selon lui, ces faits devraient inciter le chancelier allemand à réviser les manuels d’histoire et les déclarations des dirigeants alliés ayant réellement participé à la lutte contre le fascisme.
« Le chancelier allemand devrait visiter le Bundestag afin qu’il puisse combler ses trous de mémoire, découvrir les inscriptions sur les murs du Reichstag et voir de ses propres yeux dans quelle langue et par qui elles ont été faites. On peut excuser diverses erreurs aux hommes politiques sauf une — la profanation de la mémoire de ceux grâce à qui nous sommes en vie », a-t-il indiqué.
Selon le président de la Douma, la classe dirigeante allemande actuelle créerait les conditions d’une aggravation des tensions entre Berlin et Moscou, en alimentant un climat de confrontation entre les deux pays.
La rencontre entre Donald Trump et Friedrich Merz, voulue depuis longtemps par Berlin, a eu lieu le 5 juin dans le Bureau ovale, à Washington. Le chancelier allemand souhaitait obtenir un soutien plus ferme de la part des États-Unis face à la Russie et relancer une dynamique commune sur le dossier ukrainien. Néanmoins, aucun accord n’a été annoncé à l’issue de l’échange.