Visite de navires de guerre russes à Cuba : Moscou assure que Washington n’a pas à s’inquiéter
Quatre bâtiments de la marine de guerre russe, dont un sous-marin à propulsion nucléaire, sont arrivés le 12 juin à La Havane pour une escale de cinq jours. De quoi faire paniquer plusieurs médias occidentaux, qui ont alerté sur la présence potentielle de missiles hypersoniques russes à 150 kilomètres de la Floride.
«Le Kremlin ne voit aucune raison de s'inquiéter de la part des États-Unis concernant l'arrivée de navires russes à Cuba», a déclaré le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov ce 13 juin, au lendemain d’une visite de bâtiments de guerre à La Havane.
Le 12 juin, peu après 10h (heure locale), le sous-marin à propulsion nucléaire Kazan est entré dans la baie de la capitale cubaine, sous les regards de la population. Avant lui, c’est la frégate Amiral Gorshkov, accompagnée du pétrolier Pashin et du remorqueur Nikolaï Chiker, qui entraient dans le port, arborant les couleurs du drapeau russe.
La Défense russe a quant à elle précisé que la flottille avait mené dans l’Atlantique «un exercice sur l’utilisation d’armes de missiles de haute précision».
Des missiles russes à 150 kilomètres de la Floride ?
Il n’en fallait pourtant pas moins pour faire réagir la presse occidentale. «Des navires russes arrivent à Cuba alors que les alliés de la guerre froide renforcent leurs liens», titrait ainsi CNN, tandis que la BBC écrivait : «Des navires de guerre russes arrivent à Cuba dans une démonstration de force.»
«La présence de navires de guerre russes à Cuba, à seulement 140 kilomètres des côtes américaines, est considérée comme un geste de défi de la part de Poutine, qui a mis en garde la semaine dernière contre la prise de mesure "asymétriques" et la possibilité d’envoyer des armes à longue portée vers des pays tiers pour attaquer des cibles occidentales après que le président Joe Biden a autorisé l’Ukraine à utiliser des armes américaines pour frapper à l’intérieur de la Russie», relatait de son côté le Miami Herald, ajoutant que le missile hypersonique russe Zircon volait si vite, «à neuf fois la vitesse du son, soit 11 000 km/h, que l’un d’entre eux pourrait, de La Havane, frapper les États-Unis en quelques secondes». Avant néanmoins d’ajouter qu’il n'était pas certain que le sous-marin Kazan en transportait.
L'US Navy fait décoller ses avions
Newsweek a rapporté que six P-8A Poseidon, des «chasseurs de sous-marins», avaient été dépêchés vers la Floride, citant un officiel de la Défense américaine garantissant que l’armée avait «activement suivi les navires russes». Trois destroyers américains ont également été déployés, selon le site Military.com : l'USS Truxtun, l'USS Donald Cook et l'USS Delbert D. Black.
Une visite donc remarquée, que les autorités cubaines ont pourtant commenté sobrement. «Aucun des navires n'est porteur d'armes nucléaires, leur escale dans notre pays ne représente pas une menace pour la région», avait ainsi déclaré au début du mois le ministère cubain des Forces armées révolutionnaires. Et d’ajouter que cette visite respectait à la fois «les règles internationales auxquelles Cuba adhère» et les «relations historiques d’amitié» avec Moscou.
Officiellement, le Pentagone a lui aussi maintenu les apparences pacifiques en relativisant cette visite, jugeant par sa porte-parole Sabrina Singh que la venue de ces navires ne constituait «pas une menace pour les États-Unis» et n’était «pas une surprise, car les Russes ont déjà fait de telles escales sur l'île des Caraïbes».
Détail d’importance, le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, et son homologue cubain Bruno Rodriguez se sont rencontrés le même jour, le 12 juin à Moscou. Le chef de la diplomatie cubaine a fustigé le rejet de l’expansion de l’OTAN à la frontière russe, estimant qu’elle avait conduit au conflit actuel entre Moscou et Kiev, avant d’appeler à une «solution diplomatique».
Depuis plus de six décennies, Washington impose à Cuba un embargo financier et commercial que Donald Trump a renforcé en inscrivant l'île sur sa liste noire des pays soutenant le terrorisme. Une mesure maintenue par son successeur démocrate Joe Biden et vivement dénoncée par Moscou.