Future station de recherche lunaire : Vladimir Poutine ratifie l’accord passé avec Pékin
Le président russe a signé ce 12 juin une loi ratifiant l'accord de coopération passé avec le gouvernement chinois pour la création conjointe d’une station lunaire scientifique internationale. Si Moscou et Pékin ont posé les premières pierres de ce projet, 12 pays se sont joints au programme, a annoncé fin mai le patron de Roscosmos.
Le président russe Vladimir Poutine a signé ce 12 juin une loi portant ratification d'un accord avec la Chine sur la création conjointe de la Station lunaire de recherche internationale (ILRS). Début juin, dans la foulée de la Douma (chambre basse du Parlement russe), le Conseil de la Fédération (chambre haute du Parlement russe) a donné son feu vert à cet accord avec le gouvernement chinois.
Les premières traces de cette coopération remontent à l’été 2019 et concernaient alors les autorités spatiales tant chinoises et russes qu’européennes. Début mars 2021, le directeur général de Roscosmos à l'époque, Dmitri Rogozine, et le chef de l'Administration spatiale nationale chinoise (ASNC), Zhang Kejian, ont signé un protocole d’accord. La feuille de route du projet a été présentée trois mois plus tard, dans le cadre de la Conférence internationale sur la recherche spatiale GLEX à Saint-Pétersbourg.
Le projet a été présenté dans la presse comme un concurrent du programme Artémis et sa Lunar Orbital Platform-Gateway (LOP-G), une station orbitale lunaire que Washington entend construire avec l’Europe, le Canada et le Japon. Un projet dont la Chine a d'emblée été écartée, le Congrès des États-Unis ayant interdit en 2011 toute collaboration directe entre la Nasa et la Chine et des organisations lui étant affilié (amendement Wolf).
En décembre 2020, lorsque la sonde spatiale chinoise Chang'e 5 a rapporté des morceaux de Lune – une première en 44 ans et la mission soviétique Luna 24 –, le vice-directeur de la CNSA, Wu Yanhua, a déclaré que le gouvernement chinois était prêt à partager des échantillons et des données «avec toutes les institutions d'autres pays partageant les mêmes idées» et s'est déclaré «ouvert à une coopération sincère et amicale avec les États-Unis».
ILRS : un projet ouvert à tous
Lors d’une interview accordée en juillet 2020 à Komsomolskaya Pravda, à l’occasion du 50e anniversaire de Roscosmos, Dmitri Rogozine a dénoncé l’attitude de Washington en matière de coopération spatiale.
«Avec le projet lunaire, nous assistons à un écart de nos partenaires américains par rapport aux principes de coopération et de soutien mutuel développés lors de la coopération sur l'ISS», a-t-il regretté, fustigeant une approche «politique» de ce projet par les États-Unis. «Ils considèrent leur programme non pas comme international, mais comme similaire à celui de l’OTAN. Il y a l’Amérique, tous les autres doivent aider et payer», a-t-il ajouté, déclarant que les Russes n’étaient «pas intéressés» par une participation à un tel projet.
Lors de la signature de leur protocole d’accord, Roscosmos et l’ASNC ont annoncé que le projet était ouvert «à tous les pays et partenaires internationaux» souhaitant y participer. «À ce jour, 12 pays ont rejoint notre projet commun avec la Chine, dont les Émirats arabes unis, l'Afrique du Sud, le Pakistan, la Biélorussie, la Turquie et plusieurs autres», a déclaré le 28 mai le directeur général adjoint de Roscosmos pour la coopération internationale, Sergueï Saveliev, lors de la séance plénière de la Douma.
Avant d’être invités, peu après la chute de l'URSS, à devenir un acteur majeur du développement de la Station spatiale internationale (ISS), les Russes ont été les premiers à mettre en orbite une station spatiale, Saliout 1, en 1971. Ils ont également été les premiers à envoyer un homme dans l’espace et qu’un satellite (respectivement 1961 et 1957), ainsi qu’a effectuer un survol de la Lune (1959).