Attentat du pont de Crimée : de nouveaux détails de l’enquête ont été révélés
Le quotidien russe Kommersant, qui a eu accès à des documents de l’enquête menée sur l’attentat au camion piégé qui a frappé en octobre 2022 le pont de Crimée, a révélé le 2 mai de nouveaux éléments. Parmi eux, le fait que la charge explosive aurait été conçue à partir de carburant pour fusée.
Le journal Kommersant a révélé le 2 mai de nouveaux détails concernant l'enquête sur l’attentat au camion piégé qui avait visé en octobre 2022 le pont de Crimée. Selon le quotidien économique, qui a eu accès à l’examen médico-légal des explosifs, ceux-ci étaient constitués de «combustible solide pour fusée caché dans des bobines de film de polyéthylène».
L’explosion «d'une puissance équivalente à dix tonnes de TNT» a été déclenchée par une petite charge explosive «de fabrication étrangère», «très probablement du C4 ou du PE-8», a rapporté le quotidien, citant les conclusions des experts. Le détonateur aurait été activé, à distance, via un signal GPS, «au moment du passage d'un point de route prédéterminé» sur le pont.
Selon Kommersant, les enquêteurs auraient dorénavant dans leur collimateur Vasily Malyuk, l’actuel directeur du Service de sécurité d’Ukraine (SBU), considéré comme ayant orchestré l’attentat. Selon les enquêteurs, relate le quotidien russe, Malyuk aurait été en charge du groupe d'agents à l'origine de l'attentat à compter du mois de mars 2022, date à laquelle il a été nommé par Volodymyr Zelensky chef adjoint du SBU.
Le chef du SBU dans le collimateur des enquêteurs
Le 8 octobre 2022, un camion chargé d'explosifs avait explosé alors qu'il traversait le pont, provoquant l’effondrement de trois travées et tuant cinq automobilistes. Plusieurs compartiments d’un train de marchandises, circulant sur l’axe ferroviaire du pont, avaient également pris feu.
Dans la foulée, dénonçant un «acte terroriste visant à détruire une infrastructure civile russe d'importance critique», le président russe avait accusé les services ukrainiens d’être derrière l’attaque. Quelques jours plus tard, le FSB avait accusé le renseignement militaire ukrainien d’avoir piloté l’opération.
Pour sa part, Kiev avait dans un premier temps nié toute responsabilité dans l'attentant, un conseiller de la présidence ukrainienne renvoyant même à une «piste russe». En juillet 2023, le SBU avait finalement revendiqué l’attaque. «C'est l'une de nos actions, à savoir la destruction du pont de Crimée le 8 octobre de l'année dernière», avait déclaré Vasily Malyuk lors d’une apparition à la télévision nationale ukrainienne.
Le pont de Crimée, inauguré en 2018 par Vladimir Poutine, qui relie la péninsule à la Russie continentale, demeure au cœur des préoccupations des autorités de Kiev, qui ont fait de sa destruction une priorité.