Russie : l'écrivain Boris Akounine condamné pour «diffusion de fausses informations sur les forces armées»

Ce 6 février, la justice russe a condamné par contumace l'écrivain Boris Akounine à deux mois de prison. Connu en France pour ses romans policiers, il avait entre autres, lors d'un canular téléphonique en décembre dernier, approuvé le bombardement de villes russes par des drones ukrainiens.
Le tribunal Basmanny de Moscou a condamné ce 6 février par contumace Grigori Tchkhartichvili, connu sous le nom de plume de Boris Akounine, à «deux mois de prison», a annoncé l'agence RIA Novosti. Le tribunal a précisé qu'il avait été reconnu coupable d'«incitation publique à commettre des actes terroristes», de «justification publique d'activités terroristes ou de propagande du terrorisme» ainsi que de «diffusion publique de fausses informations sur l'emploi des forces armées russes».
Ce jugement arrive en conclusion de la procédure lancée par le comité d'enquête russe le 18 décembre dernier. L'écrivain, qui vit aujourd'hui à Londres, a quitté le pays en 2014 en signe de protestation au rattachement de la Crimée à la Russie. En février 2022, il avait de même dénoncé l'opération spéciale en Ukraine et avait fondé, au mois de mars de la même année, un fond d'aide aux réfugiés ukrainiens, dissout deux mois plus tard par décision de justice.
Auteur controversé en Russie, Boris Akounine a accédé à la notoriété dans le monde entier grâce à ses romans policiers historiques mettant en scène le détective Éraste Fandorine, dont certains ont été adaptés au cinéma.
Akounine a approuvé les frappes de villes russes par des drones ukrainiens
Le 13 décembre 2023, Akounine avait été piégé par les humoristes Vovan et Lexus, célèbres pour leurs canulars de personnalités publiques (on se souvient de leur coup de fil à François Hollande en avril 2023, où ils s'étaient fait passer pour Piotr Porochenko). Lors de cette conversation téléphonique, où il croyait s'adresser à l'ancien ministre ukrainien de la Culture Alexandre Tkatchenko, il avait approuvé les frappes de villes russes par des drones ukrainiens et s'était dit «prêt à aider Kiev».
À la publication de cet échange, les conséquences ne s'étaient pas fait attendre : un réseau de librairies avait annoncé retirer ses livres de la vente. Des théâtres de Moscou et de Saint-Pétersbourg avaient cessé de jouer ses pièces et une perquisition avait été effectuée dans les locaux de son éditeur.
En outre, le comité d'enquête russe a ouvert une enquête le 18 décembre et Rosfinmonitoring, avait inscrit Akounine dans la liste des terroristes et extrémistes, les personnes ou organisations y figurant ne pouvant intervenir ni dans les médias, ni en ligne, ni organiser d'événements publics, ni participer à des élections ou recevoir de financements destinés à leur activité. Le 12 janvier, le ministère de la Justice avait emboîté le pas de Rosfinmonitoring en ajoutant Akounine à la liste des agents de l'étranger.
Le 24 janvier dernier, la Douma a adopté en séance plénière et en première lecture un projet de loi visant à confisquer les biens ou à retirer les décorations de personnes reconnues coupables de désinformation sur l'armée russe ou auteurs de crimes contre la sécurité de l'État.