«Il n’y a aucun espoir que la Russie soit vaincue de quelque manière que ce soit», estime Lavrov

«Ce qui est urgent est d’arrêter l’agression contre le Yémen. Plus on bombardera le Yémen, moins les Houthis auront la volonté de parler», a-t-il estimé, commentant la situation au Yémen, quelques heures après l’annonce d’une nouvelle série de frappes américaines contre les rebelles houthis. Sergueï Lavrov a notamment rappelé l’existence de contacts, à l’initiative de l’Arabie saoudite, qui avaient commencé à «porter leurs fruits» avant l’escalade de ces dernières semaines.

Dans le Caucase, Sergueï Lavrov a estimé que l’absence de progrès sur la normalisation des relations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan était due à la position d’Erevan.

«Je ne sais pas qui conseille quoi à Erevan», a déclaré le ministre. «Mais nous avons vu comment l’Union européenne, la France, l’Allemagne, les États-Unis, dès qu’ils ont réalisé que le processus russo-arménien-azerbaïdjanais donnait des résultats en termes de déblocage des routes, de délimitation de la frontière et de préparation d’un traité de paix, ont immédiatement commencé à intervenir dans ces processus sans invitation», a-t-il poursuivi. 

Concernant le renouvellement du dialogue stratégique avec les USA, Sergueï Lavrov a estimé qu’il était «impossible d'en parler sérieusement», sans tenir compte de la «situation globale» dans le domaine de la stabilité stratégique. «Aujourd’hui il y a une vraie dynamique extrêmement négative dans ce domaine», a-t-il estimé. Une «tendance» qui «s’aggrave toujours», a-t-il souligné. «L'Occident a dirigé tous les processus sur Terre pendant 500 ans, et maintenant il résiste, il ne veut pas permettre la transition vers la multipolarité», a-t-il ajouté.

Sur le front de l’Ukraine, les États-Unis «veulent faire de Kiev un outil de destruction de l'histoire et de la mémoire», a fustigé le ministre russe. «C'est une menace directe pour nos intérêts. Nous avons entendu des annonces publiques visant à infliger une défaite stratégique à la Russie et nous ne voyons pas le moindre mouvement de la part des États-Unis et de l'OTAN pour tenter de résoudre le conflit», a-t-il conclu.

Ukraine : «Les objectifs de l’opération spéciale seront atteints»

«Nous n'avons pas d'objection à ces accords, mais cela ne change pas nos objectifs. Les objectifs de l’opération spéciale seront atteints», a déclaré Sergueï Lavrov, interrogé sur l’accord bilatéral signé le 12 janvier entre le Royaume-Uni et l’Ukraine.

Présenté comme «historique» par Downing Street, cet accord de sécurité bilatéral entend renforcer le soutien militaire de Londres à Kiev. «Je n'ai vu aucune disposition juridiquement contraignante» dans cet accord, a commenté le ministre.

«Il n’y a aucun espoir que la Russie soit vaincue de quelque manière que ce soit. Cela a déjà été dit à maintes reprises», a réitéré Sergueï Lavrov.

«Ceux qui n’ont pas étudié l’Histoire et la Géographie – ils sont nombreux en Occident – bien sûr ne savent pas grand-chose. Ils peuvent fantasmer là-dessus ou bien écrire un nouveau scénario pour Kvartal 95 mais cela n’a aucun rapport avec la réalité» a taclé le diplomate, en référence au studio ukrainien de production de divertissements télévisés fondé par Volodymyr Zelensky.

«Les BRICS symbolisent la richesse du monde multipolaire», a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, rappelant que la Russie avait pris la présidence tournante des BRICS au 1er janvier 2024. Organisation qui, suite au sommet de Johannesbourg, s’est élargie avec l'arrivée de cinq pays (l'Égypte, l'Éthiopie, l'Iran, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes).

«Nous allons prêter notre attention à ce que les novices s’inscrivent de manière harmonieuse» dans cette organisation, a assuré le ministre. «Nous pensons que cette alliance à un grand avenir devant elle», a-t-il estimé. «Plus de 30 pays cherchent à se rapprocher des BRICS», a-t-il encore souligné.

«L'Afrique et l'Amérique latine sont des centres indépendants émergents du monde multipolaire», a déclaré le ministre russe. «Nous avons été actifs sur les plateformes de l'ONU, il existe un groupe d'amis pour la défense de la Charte. Le groupe promeut des initiatives communes, nous soutenons leurs initiatives», a-t-il également déclaré.

Évoquant «l’évolution» des relations entre Moscou et Pékin, marquée par la visite de Vladimir Poutine en Chine au mois d’octobre, Sergueï Lavrov a déclaré que les relations avec la Chine traversaient «la meilleure période de leur histoire séculaire».

Dans son propos introductif, le ministre russe des Affaires étrangères a déclaré que son pays avait des «orientations clairement définies» en matière de politique extérieure. La Russie, précise Sergueï Lavrov, entend renforcer ses relations avec des partenaires à la recherche d’un «équilibre» d’intérêts mutuellement bénéfiques et sur la base d’un dialogue «franc».

«Et non pas des décisions qui satisferaient uniquement des projets unilatéraux et égoïstes, ce qui se manifeste, dans l’immense majorité des cas, dans les discussions auxquelles prennent part les pays occidentaux»,  a ajouté le ministre russe.