«L’Ukraine doit comprendre qu’elle n’est pas la principale préoccupation des États-Unis», estime Pekov
Le porte-parole de la présidence russe a réagi ce 8 décembre aux propos du chef de la diplomatie américaine qui avait estimé que la quasi-totalité de l’aide militaire des États-Unis destinée à l’Ukraine était investie dans le complexe militaro-industriel américain.
«Les Américains sont des gars très pragmatiques», a déclaré ce 8 décembre Dmitri Peskov, cité par l'agence TASS. Avant d’ajouter : «Naturellement, leur objectif principal est leur bien-être.» Le porte-parole de la présidence russe commentait ainsi les propos, tenus la veille, par le chef de la diplomatie américaine.
Le 7 décembre, Antony Blinken a voulu s’adresser «au public américain», alors que le Congrès des États-Unis renâcle à débloquer l’aide militaire à l’Ukraine. Le Secrétaire d'Etat a plaidé en faveur d'une «situation gagnant-gagnant que nous devons poursuivre».
«Si vous regardez les investissements que nous avons faits dans la défense de l'Ukraine pour faire face à cette agression, 90% de l'aide à la sécurité que nous avons fournie a en fait été dépensée ici aux États-Unis auprès de nos fabricants, de notre production, et cela a produit plus d’emplois américains, plus de croissance dans notre propre économie», a déclaré Antony Blinken.
Aux yeux de Dmitri Peskov, une telle «politique américano-centrée» se fait «au prix de la vie des Ukrainiens». «L’Ukraine doit comprendre qu’elle n’est pas la principale préoccupation des États-Unis. La principale préoccupation des États-Unis a toujours été les Américains eux-mêmes. Et même au prix d’un grand nombre de vies de ces mêmes Ukrainiens», assure Dmitri Peskov.
Une «diabolisation absolument flagrante» de la Russie
«Ce sont les Américains qui gagnent des milliards et des milliards de dollars sur des ressources énergétiques coûteuses, sur le gaz qu’ils fournissent à l’Europe, sur le pétrole. Ce sont les Américains qui se fournissent des emplois, augmentent les recettes fiscales, chargent leur production de commandes d’obus, d’équipements militaires, etc.», a poursuivi le porte-parole du Kremlin. Une référence, notamment, à l’explosion des importations européennes d’hydrocarbures américains suite à la mise en place des sanctions occidentales début 2022.
Selon un communiqué du Pentagone le 6 décembre, les États-Unis «ont engagé plus de 44,2 milliards de dollars d’aide à la sécurité à l’Ukraine» depuis février 2022.
Depuis plusieurs semaines, la Maison Blanche enjoint le Congrès des États-Unis à débloquer une enveloppe de 106 milliards de dollars d’aide militaire à l’Ukraine et à Israël, dont 61 rien qu’à l'Ukraine. Une aide rejetée le 6 décembre par les élus américains, après un précédent refus fin septembre d’allouer des fonds supplémentaires à l’Ukraine. «Nous avons tellement dépensé – des milliards et des milliards de dollars. Nous devons voir la transparence, savoir exactement où va cet argent et comment ils le dépensent», avait confié l'élue républicaine de Californie Michelle Steele à Voice of America.
Pour inciter le Congrès à voter l'enveloppe, Joe Biden a déclaré que si Poutine s’emparait de l’Ukraine, «il ne s’arrêterait pas là» et qu’il attaquerait un pays de l’OTAN, allant jusqu’à brandir le spectre d’une guerre ouverte entre les États-Unis et la Russie. «Nous aurons quelque chose que nous ne recherchons pas et que nous n’avons pas aujourd’hui : des troupes américaines combattant des troupes russes», avait affirmé le président américain.
Une «rhétorique provocatrice inacceptable pour une puissance nucléaire responsable», a réagi le 7 décembre l’ambassadeur russe à Washington. Dmitri Peskov avait quant à lui fustigé une «diabolisation absolument flagrante» de la Russie «afin de manipuler leurs membres du Congrès et leurs sénateurs et continuer à brûler l’argent des contribuables américains dans le fourneau de la guerre en Ukraine».