Philosophe et essayiste, Anne-Sophie Chazaud revient sur la polémique provoquée par les propos du maire EELV de Poitiers pour qui la jeunesse devrait rêver d'autre chose que l'aéronautique, une industrie considérée comme nocive à la planète.
«L’aérien ne doit plus faire rêver les enfants». C’est ainsi que s’exprime la maire EELV de Poitiers (Vienne) afin de s’en prendre notamment à l’association Rêves de gosse, laquelle défend l’aéroclub local et les vols pour enfants handicapés (sympa).
Alors, nous avions eu (liste non exhaustive) les sapins de Noël/arbres morts de Bordeaux, les élucubrations insanes de l’exécutif lyonnais sur le Tour de France, l’écriture inclusive (excluante pour toutes personnes en difficulté d’apprentissage), le refus (déjà) de la Patrouille de France dans le ciel de la capitale des Gaules, la non-viande à la cantine, la baisse drastique du budget de l’opéra réputé élitiste et bourgeois, la phase psychiatrique atteinte avec l’affaire des rats et des punaises de lit que les écolos de Strasbourg veulent cesser de stigmatiser en les qualifiant plutôt de «commensaux» que de «nuisibles» (que l’on pourrait en effet opportunément réserver plutôt à une certaine catégorie de personnel politique...), voici donc le nouveau grand combat : priver les enfants du rêve éternel de l’humain : voler.
Saint-Exupéry et Le Petit Prince peuvent aller se rhabiller. Et, au passage, contrôler les rêves.
Cette aspiration constante d’EELV pour le retour à l’âge des cavernes a quelque chose de fascinant (et encore, déjà à l’âge des cavernes, l’homme rêvait de voler, d’aller plus haut). Revoir 2001 : l’Odyssée de l’espace ne nuirait pas...
Le devenir-punaise-de-lit de l’espèce humaine, envisagé par l’écologie politique prête à sourire. Enfin, à souris. Mais il faudra tout de même, afin que ces débilités cessent, que les électeurs se souviennent bien la prochaine fois que même en plein Covid on ne confie pas les clefs des grandes villes à n’importe quel foutraque qui passe par là. Il faudra surtout se méfier de ceux qui ont un entonnoir sur la tête.
Pour ce qui nous concerne, nous continuerons de rêver, de promouvoir le progrès (qui seul permettra du reste une transition écologique intelligente), et d’admirer la rotondité bleue de la Terre depuis les hauts espaces où notre goût naturel de l’élévation ne cessera de nous appeler.
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