Les policiers sont appelés à manifester aujourd'hui par cinq syndicats qui entendent dénoncer le manque de moyens, mais aussi l’inaction supposée de la justice. Frédéric Lagache, numéro deux du syndicat Alliance revient sur les raisons de la colère.
Les policiers doivent manifester mercredi devant le ministère de la Justice après la fusillade au cours de laquelle un homme multi-récidiviste grièvement blessé un policier. Plus largement, selon Frédéric Lagache, secrétaire-adjoint d'Alliance Police nationale, syndicat majoritaire dans la police, c'est un ras-le-bol qui s'exprime face au manque de moyens.
RT France : Comment expliquer cette manifestation de policier, un phénomène qui reste relativement rare ?
Frédéric Lagache : Cet appel à manifester, il exprime une colère qui ne date malheureusement pas d’aujourd’hui. Il faut se rappeler que nous avions déjà manifesté à 5000 personnes en novembre 2013, puis nous étions 10 000 un an plus tard en 2014. Et cela sans compter les divers rassemblements qui ont lieu sous la colère lorsque des collègues sont tués comme cela avait été le cas après la mort de Boris et Cyril de la Bac sur le périphérique… Il y a aujourd’hui un malaise et une colère qui ne sont pas réglés.
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RT France : Qu’attendez-vous des autorités, qui expriment très souvent leur soutien au travail de la police ?
Frédéric Lagache : Oui, il y a de la compassion, mais il n’y a aucun acte derrière ! On voit tous les ans le défilé des autorités, mais on manque toujours de moyens et les collègues sont toujours excédés par la situation qu’ils vivent ! La goutte d’eau, cela a été les tirs sur notre collègue de la Bac qui est gravement blessé. On a ici affaire à un individu qui n’avait rien à faire dehors. Nous sommes réellement en colère, et on peut donc imaginer ce que pensent ses collègues les plus proches. Face à cette grogne, du monde, il y en aura dans la rue !
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— Mina Rigalon (@MRigalon) 24 Septembre 2015
RT France : Concrètement, vous demandez plus de moyens pour faire votre travail ?
Frédéric Lagache : C’est ça. Quand le président dit à une commémoration que la sécurité est une priorité mais doit devenir une obligation, c’est parfait. Mais derrière les mots il n’y a rien. Les collègues ne veulent pas un règlement parcellaire. Ils veulent assurer la sécurité des personnes et des biens. La sécurité est une forme de liberté, et la République c’est ça, c’est pouvoir aller et venir en toute sécurité. Mais pour cela il faut donner des moyens. On souhaite un plan Marshall pour la sécurité depuis longtemps.
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RT France : Des moyens ont pourtant été débloqués par le gouvernement de Manuel Valls pour la police, alors que sous Nicolas Sarkozy, les effectifs avaient été largement réduits. Malgré cela, ça ne va pas mieux dans la police ?
Frédéric Lagache : Nous sommes malheureusement une continuité de ce qui se passait sous Sarkozy. On a rajouté des effectifs depuis 2012, mais on nous a rajouté des missions : notamment avec la question anti-terroriste. La question des migrants a aussi rajouté des missions, sept compagnies de CRS sont par exemple actuellement mobilisées à Calais. On recrute mais on rajoute des missions, ça ne peut pas fonctionner. On a des missions comme les transferts de détenus, les gardes de prisonniers à l’hôpital… Est-ce notre rôle. Ce n’est plus notre boulot, mais personne ne s’en préoccupe. Il faut un vrai plan pour savoir comment on va faire évoluer la réelle mission du policier.
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RT France : Cette manifestation se déroulera place Vendôme, devant le ministère de la Justice. Pourquoi ce choix alors que la police dépend du ministère de l’Intérieur ?
Frédéric Lagache : C’est un symbole. Notre collègue de la Bac de Seine-Saint-Denis a été blessé par une personne qui aurait dû être en prison… Voilà pourquoi la place Vendôme est symbolique. Bien sûr, cela dépasse le cas de la ministre, mais ce qui est certain c’est que notre travail doit être complémentaire avec celui de la justice. Nous devons travailler main dans la main pour attendre nôtre objectif commun : la tranquillité publique, celle de nos citoyens.
RTL. Christiane Taubira admet qu'il puisse y avoir des "erreurs" mais nie toute idée d'une "rupture police-justice". Et invoque Manuel Valls
— D. de Montvalon (@demontvalon1) 12 Octobre 2015
RT France : Christiane Taubira a proposé, lundi matin sur RTL, de vous recevoir place Vendôme ?
Frédéric Lagache : Oui, mais avec tout le respect dû à Mme Taubira, nous ne souhaitons pas la voir. Le problème va bien au-delà de Mme Taubira ou de Mr Cazeneuve. Le constat, c’est que quand nous demandons plus de moyens pour sortir de l’asphyxie, ou nous explique que ce n’est pas possible et qu’il n’y a pas plus de moyens. L’Etat a trouvé de l’argent pour l’armée, et c’est légitime en tant de guerre. Mais nous aussi, sur le plan intérieur, nous sommes en guerre. Donc on veut les moyens nécessaires. On veut une réunion avec le Président de la République, comme on l’avait demandé en janvier, et tant qu’il n’y aura pas de décisions concrètes, on se mobilisera.
RT France : On sent d’ailleurs une grande unité sur le sujet : tous les corps et tous les grades semblent concernés, et les syndicats sont unis dans cette manifestation ?
Frédéric Lagache : Oui, car l’intérêt, c’est la sécurité du pays. On a souhaité, nous, syndicat minoritaire, rejoindre l’appel d’un syndicat minoritaire car on sent bien que les collègues sont à l’agonie et ne peuvent pas faire leur travail correctement. Or, notre boulot, c’est la sécurité des français. Tous les grades et tous les corps de la police seront là. Ce qui prouve que c’est l’institution elle-même qui est malade.
TOUS ENSEMBLE !!!
Conditions de travail insupportables
Aucune perspective d’avenir pour les Policiers
Décisions... http://t.co/i1NaYM2MfA
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