Une année après la révolution, l'Ukraine est en pleine crise politique et économique, écrit le journaliste russe Maxim Kononeko. Le coup d'Etat n'a pas porté ses fruits alors que l'ex-président Viktor Ianoukovytch n'aurait probablement pas été réélu.
Aujourd’hui 25 février, il y a cinq ans que Viktor Ianoukovytch a prêté serment en tant que président de l’Ukraine. Donc, aujourd’hui son mandat aurait pris fin de façon naturelle. Un autre président aurait été élu à la tête du pays et il est fort probable que Petro Porochenko l’aurait emporté.
Mais l’Ukraine n’a pas voulu attendre cette année pour procéder à des élections. Elle n’a pas voulu non plus attendre six mois avant les élections extraordinaires que les leaders de Maïdan et Ianoukovytch avaient décidées le 20 février. Ils ont voulu tout, tout de suite.
Et alors ? Une année s’est passée et il est temps d’analyser les résultats de la Révolution de la dignité, comme l’appelle Wikipédia en français.
L’Ukraine a perdu la Crimée. Des milliers de personnes ont été tuées pendant la guerre civile absurde qui a détruit la région industrielle la plus développée du pays et continue de détruire une économie moribonde. La monnaie nationale s’est dépréciée de 400% environ (sic! Ce texte a été écrit il y a trois jours, quand c’était «presque 400%», maintenant c’est plus de 500%). La population est démoralisée. Il y a des dizaines d’unités militaires incontrôlables dans le pays. Des centaines de milliers de personnes ont déménagé en Russie pour s’y réfugier.
Il y a un an, l’Ukraine était un pays pauvre dirigé par des oligarques. Maintenant, un an après, l’Ukraine est devenue un pays miséreux dirigé par les mêmes oligarques, et l’un d’entre eux et devenu président. On n’a rien fait de tout ce qui avait été promis aux Ukrainiens en relation avec cette intégration européenne tant désirée. Le régime de visa avec les pays de l’Union n’est pas aboli, au contraire il a été renforcé. On a ouvertement déclaré à l’Ukraine qu’on ne l’attendait pas dans l’OTAN. La question de l’adhésion à l’UE n’est pas discutée. Les dettes envers la Russie s’accroissent, l’argent de l’Europe n’arrive pas.
La démocratie est en difficulté. Les snipers de Maïdan ne sont pas identifiés, il n’y a eu aucun jugement. Au lieu de cela, des centaines de personnes sont arrêtées pour des accusations ridicules et sont en prison depuis presque un an. Dans le pays, on ferme des médias, on interdit des émissions et des films en russe, on prive les journalistes d’accréditation.
Que font les personnes normales qui comprennent que quelque chose a mal tourné ? Elles analysent la situation et essaient de comprendre ce qu’il faut faire pour qu’un telle catastrophe ne se répète pas.
Que font les citoyens ukraininens ? Ils descendent sur un Maïdan carbonisé et jurent solennellement de ne pas trahir le choix européen.
Il y a presque 200 ans, Alexandre Pouchkine a écrit «Le Conte du pêcheur et du petit poisson», l’histoire d’une vieille crevarde qui voulait avoir toujours plus et qui à la fin se retrouve sans rien. Il est probable qu’après l’effondrement de l’URSS les élèves ukrainiens ont appris à l’école les œuvres de Taras Chevtchenko à la place de celles de Pouchkine.
Mais je ne peux m’empêcher de penser que tout ce que Maïdan dénonçait il y a un an, aurait aujourd’hui disparu de lui-même.
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