Dans une interview à RT France, Guy Mettan, auteur du livre «Russie-Occident : une guerre de mille ans», a qualifié le projet de résolution sur la création d’un tribunal pour la chute du MH17 de «manœuvre politique», doutant de son impartialité.
RT France : Pourquoi, à votre avis, le Conseil de sécurité veut créer sa propre institution dans ce cas précis, alors qu’auparavant dans des situations similaires, il ne l’a jamais fait ?
Guy Mettan : En fait, ce n’est pas juste. Ce que je trouve curieux dans cette résolution c’est qu’effectivement on n’a jamais proposé de tribunal international en cas de crash. Quand les Etats-Unis ont descendu l’avion iranien dans le Golfe Persique, il y a aussi eu plusieurs centaines de morts, et personne n’a proposé de tribunal international pour les juger. Et aussi dans d’autre cas, y compris le cas du crash du vol Pan Am, descendu par les Libyens en Angleterre dans les années 1980. C’est vraiment étonnant, cela paraît être une manœuvre politique plutôt qu’un réel souci de justice.
#MH17 : la Russie a mis son #veto à la résolution de l'ONU. La Chine n'a pas voté http://t.co/SjR6TCe9wgpic.twitter.com/OptbgjN5u8
— RT France (@RTenfrancais) 30 Juillet 2015
RT France : Et pourquoi la proposition émerge maintenant ? A qui cela peut-il bien profiter ?
Guy Mettan : Cela me fait penser que c’est une manœuvre politique. Le problème, c’est qu’elle n’offre pas de garanties d’impartialité, parce que la plupart de tous ceux qui ont proposé cette résolution sont à la fois juges et parties. Il s’agit des Hollandais, des Malaisiens, même des Australiens, parce qu’ils ont de victimes, et on peut les comprendre d’une part. Mais on ne peut pas créer un tribunal uniquement sur la base des victimes, parce que les juges doivent être impartiaux et indépendants.
Or à l’origine de cette résolution on voit que ce sont uniquement des gens qui sont juges et parties, ce qui met en cause l’impartialité [d’un tel tribunal]. Et c’est ça le problème.
De plus, le fait que l’Ukraine soit partie prenante n’est pas gage d’impartialité, car s’il se trouve que ce sont les Ukrainiens qui ont abattu le vol, qu’est-ce qu’on fait ? Là, il y a des incohérences au départ, c’est ce qui jette le doute sur l’impartialité de cette démarche.
Après, ce doute est renforcé par le fait que la Russie a été exclue de la commission d’enquête. Ainsi, on peut comprendre que dans ces circonstances, la Russie a préféré s’opposer à la création de ce tribunal, parce que les garanties d’impartialité n’étaient pas réunies.
#LaReunion : la pièce de l'avion pourrait appartenir au vol #MH370. La Malaisie enquête http://t.co/ugndYZbzVNpic.twitter.com/L7nZmNB5Ws
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RT France : Pour votre part, croyez-vous que le Conseil de sécurité de l’ONU agit sans parti pris ?
Guy Mettan : Je crois que les conditions d’impartialité ne sont pas réunies au départ. Et puis, d’autre part, c’est vrai que c’est étrange qu’on propose un tel tribunal alors qu’on ne l’a jamais fait auparavant, ce qui fait penser qu’il y a une intention politique derrière cette proposition. Il n’y a pas que le souci de la justice. C’est une manière de faire monter la pression contre la Russie pour l’obliger à dire «non» et à la mettre dans une position défavorable auprès de l’opinion publique occidentale.
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