Pour Paul Kawika Martin de l'ONG américaine Peace Action, la stratégie antiterroriste américaine se focalise trop sur l’aspect militaire, négligeant les racines du problème que sont la pauvreté, le manque d’éducation et l'intolérance religieuse.
RT France : Quel est votre regard sur la stratégie antiterroriste des Etats-Unis ?
Paul Kawika Martin (P.K.M) : Je crois que nous devons vraiment réfléchir aux mesures que nous allons prendre pour éviter que cela ne se reproduise. Mais ce que nous savons, c’est qu’on a dépensé mille milliards de dollars pour l'armée des Etats-Unis cette année [en réalité, le budget adopté par le Sénat pour l'année 2018 est de 692 milliards de dollars]. Depuis le 11 septembre 2001, on a consacré plusieurs milliers de milliards de dollars à la soi-disant guerre contre le terrorisme. Nous sentons-nous vraiment plus en sécurité grâce à ces dépenses ? Il semble que non. On n’investit pas dans des choses qui, comme nous le savons, aideraient à empêcher de telles activités terroristes : réduction de la pauvreté, éducation, sentiment de liberté et de justice, tolérance religieuse... Voilà le type de questions qu’il faut examiner pour empêcher que cela ne se reproduise.
RT France : Une série d'attaques à la voiture-bélier a déjà eu lieu en Europe. Est-il possible que l'assaillant de Manhattan se soit inspiré de ces attentats ?
P.K.M. : Difficile à dire. Il y a certainement un problème de mimétisme, de la même manière qu'on peut faire face à des gens qui se demandent comment avoir leurs noms à la une des média ou comment déclencher la panique. Il y a plusieurs façons d'effectuer des attentats sans que cela ne nécessite beaucoup de ressources.
Comme on vient de l'apprendre à partir des estimations du CBO (Bureau du budget du Congrès américain), nous allons dépenser 1 200 milliards de dollars au cours des trois années à venir pour mettre à jour nos armements nucléaires. Mais cela n’empêchera pas une camionnette de circuler dans une rue et de tuer des civils innocents. Il y a d'autres façons d'agir : via la police locale, la police au niveau des communes, ainsi qu'en usant d'autres choses que j'ai déjà pu évoquer, qui permettraient de gérer la situation sur le terrain, mais certainement pas en dépensant des milliards de dollars qui ne bénéficient qu'aux partisans de la guerre. Nous avons besoin d'investissements différents afin de régler ces problèmes... Nous devons prendre des mesures de prévention plutôt que des mesures de réaction.
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