Les Etats-Unis ne devraient ni se trouver dans des espaces aériens de pays étrangers ni délimiter leurs frontières, estime l’ancien député américain Ron Paul, qui revient sur ce qu'il considère comme une agression américaine en Syrie.
Le 20 juin un avion de chasse américain a abattu un drone de combat appartenant à des forces gouvernementales syriennes dans le sud de la Syrie, car il menaçait les forces américaines, selon une déclaration de la coalition menée par Washington.
L'incident a eu lieu alors que les tensions sont croissantes entre Moscou et Washington. L’Australie a déclaré suspendre temporairement ses opérations aériennes en Syrie.
RT évoque ces derniers développements du théâtre syrien avec l’ancien membre du Congrès américain Ron Paul.
RT : L’Australie a interrompu sa coopération. Quelles conséquences cela pourrait-il avoir ? Pourquoi ont-ils pris une telle décision ?
Ron Paul (R. P.) : Je pense que c’est une bonne décision. Si nous étions sages, nous ferions la même chose : rentrer chez nous. Notre présence n'a aucun sens. Tant de gens sont déjà impliqués... ce sont les pays voisins qui doivent régler cette crise. Nous sommes trop loin de notre pays. Tout a commencé lorsqu'Obama a déclaré en 2011 : «Assad doit partir.» Et maintenant qu'Assad et ses alliés semblent l'emporter, les Etats-Unis ne veulent pas les voir prendre Raqqa. C'est sans fin. On est toujours sur le même programme, mis en place par Obama : «Se débarrasser d’Assad.» Il y a de la frustration car Assad est toujours là et la situation devient très dangereuse.
Il peut aussi y avoir des accidents... peut être l'incident du 20 juin en était-il un ? Nos avions se trouvent dans un espace aérien où nous ne devrions pas être présents, et nous établissons nous-mêmes des frontières. Nous n’avons aucun droit d'agir ainsi. Nous devrions nous occuper de nos propres affaires et ne pas être là-bas. Nous procédons à des actes d’agression auxquels je m’oppose résolument. Et je pense qu'il en serait de même pour la plupart des Américains s’ils avaient en main les informations nécessaires.
Notre implication donne un avantage aux extrémistes, mais cette stratégie n’est pas utile à long terme
RT : Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré vouloir demander à son homologue américain pourquoi la coalition dirigée par les Etats-Unis ne ciblait pas le Front al-Nosra en Syrie. A quelle sorte de réponse doit-il s'attendre ?
R. P. : Il [Rex Tillerson] va probablement penser qu'il est dans l'intérêt des Etats-Unis de ne rien faire pouvant nuire aux radicaux, aux extrémistes, aux rebelles car notre gouvernement estime qu’ils peuvent être utiles pour se débarrasser d'Assad. Ils ne vont néanmoins pas aller jusqu'à dire : «Oui, ce sont nos amis désormais et nous sommes en consultation permanente.» Ils invoqueront l'assistance aux Kurdes ou quelque chose de ce genre. Je pense que notre implication donne un avantage aux extrémistes, mais cette stratégie est néfaste à long terme. Notre position devrait être d’essayer d’apporter la paix.
La propagande que subissent les Américains est telle qu’ils sont très enthousiastes, mais je suis persuadé que la situation serait différente si le peuple américain était mieux informé... Quand je parle avec des concitoyens, ils sont d’accord avec mes arguments. Et si nous parlons des intérêts des Etats-Unis, ils n'ont pas été protégés par notre politique au Moyen-Orient au cours de ces 15-20 dernières années. Il me semble au contraire que les effets de cette politique ont été négatifs.
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