Nissan réduit la production d’un de ses SUV au Japon à cause des droits de douane américains

Sous pression des mesures tarifaires de Donald Trump, Nissan stoppe partiellement la production de son modèle le plus vendu aux États-Unis. Le constructeur prévoit 13 000 unités en moins entre mai et juillet à son usine de Kyushu.
Le constructeur automobile japonais Nissan va réduire la production de son modèle Rogue, un SUV particulièrement prisé sur le marché américain. Cette décision fait suite à l’instauration par l’administration Trump de droits de douane de 25 % sur les véhicules importés aux États-Unis. L’information a été révélée par Reuters ce 15 avril, citant une source proche du dossier.
La mesure concerne l’usine de Kyushu, dans le sud-ouest du Japon, où la production du Rogue sera diminuée de 13 000 unités sur la période de mai à juillet. Cela représente plus d’un cinquième des 62 000 exemplaires vendus aux États-Unis durant le premier trimestre de l’année. « Les ouvriers travailleront moins d’heures et certaines journées verront la production complètement arrêtée », précise Reuters.
Un modèle stratégique pour Nissan
Cette usine, la plus grande du constructeur, continuera néanmoins à fonctionner avec deux équipes par jour. Nissan évaluera de nouveau la situation en fonction de l’évolution des politiques tarifaires américaines. Dans un communiqué, l’entreprise a déclaré qu’elle « revoit ses opérations de production et de chaîne d’approvisionnement pour identifier des solutions optimales en matière d’efficacité et de durabilité ».
Les États-Unis représentent le marché numéro un de Nissan, avec plus d’un quart des ventes totales du constructeur japonais. En 2024, le Rogue y a été le modèle le plus vendu de la marque, avec près de 246 000 unités écoulées. L’impact de la décision américaine sur la chaîne logistique mondiale est donc considérable, d’autant plus que Nissan produit une partie de ses véhicules destinés pour les États-Unis au Japon et au Mexique.
Un contexte industriel tendu
Toujours selon Reuters, cette réorganisation s’inscrit aussi dans un plan plus large de réduction des capacités de production mondiales de Nissan, engagé avant même l’application des nouveaux droits de douane. Le groupe vise une baisse de 20 % de sa capacité globale dans le cadre d’un plan de redressement.
D'autres constructeurs subissent également les effets de ces politiques protectionnistes américaines. Stellantis a suspendu certaines productions en Amérique du Nord, et Honda relocalise des modèles hybrides initialement prévus au Mexique vers l’Indiana.
Nissan, de son côté, avait initialement prévu une baisse d’activité à son usine américaine de Smyrna, dans le Tennessee. Mais face à la demande du marché, cette décision a été annulée, maintenant ainsi les deux équipes de production pour le Rogue.
Selon GlobalData, le nouveau PDG de Nissan, Ivan Espinosa fait face à une pression croissante pour remettre le groupe sur les rails, en particulier sur le marché américain, fragilisé par une gamme vieillissante et un retard sur le segment des véhicules hybrides. L’incertitude autour des mesures américaines ne fait que compliquer davantage cette tâche.