Nomination de Najat Vallaud-Belkacem : un parfum de marchandage politique ?

La nomination de Najat Vallaud-Belkacem à la Cour des comptes, proposée par François Bayrou, suscite la polémique. Dénoncée comme un compromis politique pour éviter une censure sur le budget 2026, elle ravive les tensions à l’approche d’une rentrée explosive.
L’annonce, mercredi 16 juillet, de la nomination de Najat Vallaud-Belkacem comme conseillère maître à la Cour des comptes a déclenché une vague de critiques, notamment de la part du Rassemblement national (RN), qui y voit un « marchandage politique ». Proposée par le Premier ministre François Bayrou, cette décision intervient dans un contexte tendu, alors que son plan d’économies de 43,8 milliards d’euros pour le budget 2026, incluant la suppression de deux jours fériés et le gel des prestations sociales, fait face à une menace de motion de censure.
Une nomination très opportuniste et un profil très à gauche
Ancienne ministre de l’Éducation nationale sous François Hollande, Najat Vallaud-Belkacem, actuelle présidente du groupe socialiste, écologiste et démocrate au conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes, intègre une institution clef, chargée de contrôler l’usage des fonds publics.
La candidature de celle qui est présidente de l’association de gauche France Terre d’Asile depuis 2022, validée après une audition le 23 mai par une commission de six membres, est présentée comme issue d’un « concours ». Pourtant, des voix, comme celle de l’historien Hervé Joly, soulignent l’absence d’épreuves formelles et son statut inédit : Vallaud-Belkacem est la première personne nommée à ce poste à n'avoir pas fait carrière dans la fonction publique.
L'année dernière, il y avait pour 4 postes de conseillers maires experts à la Cour des comptes 3 administrateurs de l'Etat et une professeure d'université reçus. Cette année pareil, sauf qu'il y avait un 5e poste en plus pour NVB, la seule sans titre. Le monde est bien fait... https://t.co/TvwJfTOM04pic.twitter.com/nGQ2gtQke0
— Hervé Joly (@RV_Joly) July 16, 2025
Le RN, par la voix des députés Matthias Renault et Jean-Philippe Tanguy, dénonce un « scandale » et un « échange de services » visant à amadouer le Parti socialiste (PS) pour éviter une censure.
Jean-Philippe Tanguy annonce même une saisine du Conseil d’État. Cette suspicion est alimentée par le contexte : le PS, dirigé à l’Assemblée par Boris Vallaud, époux de Najat Vallaud-Belkacem, est pivot dans les négociations sur le budget.
Avec les députés RN de la Commission des Finances, nous attaquerons devant le Conseil d’Etat dans les prochains jours cette nomination scandaleuse de Najat Vallaud-Belkacem.
— Jean-Philippe Tanguy Ⓜ️ (@JphTanguy) July 16, 2025
La République des copines et des coquins, ça suffit ! https://t.co/sruPptUegs
Le Canard enchaîné avait révélé dès le 8 juillet une possible manœuvre de Bayrou pour sécuriser la neutralité socialiste.
Le député macroniste Sylvain Maillard a rappelé l’exigence d’impartialité des conseillers à la Cour. Cependant, la gauche n’est pas en reste : le député LFI Antoine Léaument s’inquiète d’une perception de « magouille », tandis qu’Olivier Faure (PS) maintient, pour le moment, la menace de censure, qualifiant le budget de « musée des horreurs libérales ». Il convient de noter que Boris Vallaud l’avait soutenu au second tour du congrès du PS en juin 2025.
Alors que le ministre de l’Économie Éric Lombard espère un compromis avec le PS, cette nomination cristallise les tensions. Soutenu par Emmanuel Macron, Bayrou joue gros : une censure pourrait précipiter une crise gouvernementale, rendant la rentrée politique explosive.