La réaction violente d’Emmanuel Macron à la question sur les médias russes lors de la conférence avec Vladimir Poutine risque d’aggraver encore plus la méfiance du public envers les grands médias, juge l'écrivain Diana Johnstone.
RT France : Pourquoi Emmanuel Macron continue-t-il à accuser RT et Sputnik de propagande ?
Diana Johnstone (D. J.) : Je regrette que la question de l’exclusion des médias russes du quartier général du candidat Macron ait radicalement gâché la conférence de presse des présidents russe et français suite à une rencontre qui jusque là avait l’air plutôt positive, étant donné le contexte déplorable des relations entre les deux pays.
Les insultes qu’il a proférées, traitant RT et Sputnik d’«organes d’influence et de propagande» montraient un esprit de vendetta qui est particulièrement inquiétant chez un homme occupant sa fonction
RT France : Comment expliquez-vous sa réaction ?
D. J. : La réaction violente d’Emmanuel Macron à cette question avait l’air d’exprimer une vraie indignation personnelle, suscitée peut-être par certaines allusions à sa vie privée pendant la campagne. Cette réaction excessive a dévoilé un tempérament autoritaire et colérique, une rancune complètement déplacée de la part d’un homme politique qui doit s’habituer aux critiques comme aux louanges (auxquelles les grands médias français l’avaient abondamment habitué pendant sa campagne). Les insultes qu’il a proférées, traitant RT et Sputnik d’«organes d’influence et de propagande» montraient un esprit de vendetta qui est particulièrement inquiétant chez un homme occupant sa fonction.
Cette indignation était particulièrement ironique au moment où Emmanuel Macron recevait Vladimir Poutine, qui depuis des années a été la cible d’une campagne de dénigrement, de calomnies, de mensonges extravagants de la part des médias occidentaux. Par comparaison, les reportages de RT les moins favorables concernant Macron passeraient pour des louanges.
La tirade de Macron contre les médias russes se situait entre l’impolitesse et la provocation
Certains de ces médias qui passent leur temps à diffamer Poutine sont la propriété de la République française, qu’on pourrait appeler propagande «de l’Elysée», tout autant que RT et Sputnik seraient «propagande du Kremlin». Par ailleurs, il faut savoir que les médias «privés» appartenant aux grandes fortunes de France ne sont pas moins biaisés.
Dans ce contexte, la tirade de Macron contre les médias russes se situait entre l’impolitesse et la provocation.
A-t-il a perdu son sang froid ? Ou a-t-il saisi l’occasion, au moment où il semblait frôler la compréhension des positions russes, de montrer sa fidélité aux légendes atlantistes «d’ingérence russe» en utilisant les médias russes comme bouc émissaire ?
La méfiance du public envers les grands médias ne cesse de s’amplifier, ce qui attire l’attention des lecteurs vers les médias alternatifs
RT France : Après les accusations de la presse française à l’égard de l’équipe de Macron d’avoir restreint l’accès aux journalistes pensez-vous qu’il ait en général un problème avec les opinions de la presse ?
D. J. : La méfiance du public envers les grands médias ne cesse de s’amplifier, ce qui attire l’attention des lecteurs vers les médias alternatifs, notamment RT, qui est apprécié dans le monde entier pour ses reportages bien documentés sur des sujets négligés ailleurs. Cette concurrence permet au public de faire des comparaisons instructives. L’action autoritaire de Macron risque d’aggraver cette méfiance. A-t-il lancé une attaque préventive contre RT, qui en est toujours à ses débuts en France ?
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