Jacques Cheminade : «En novembre, Macron n’aura pas plus de 20% d’approbation dans la population»

La victoire de Macron était arrangée d’avance, mais le président élu doit être prudent avec son programme, car il se mettra la population à dos s'il met en place une politique d'austérité sociale, pointe Jacques Cheminade.

RT France : Cette année, il s'agissait de votre troisième campagne présidentielle. Maintenant qu'elle est est terminée et Emmanuel Macron élu président, quel sentiment cette élection vous laisse-t-elle, vous qui l'avez vécue de l'intérieur ?

Jacques Cheminade (J. C.) : C’était arrangé d’avance. Le président jeune, moderne, contre Marine Le Pen brutale, agressive, qui est la meilleure candidate pour faire élire Emmanuel Macron. Et c’est ce qui est arrivé, on l’a vu dans le débat, où elle a été inutilement agressive et incompétente, ce qui a permis à Emmanuel Macron d’apparaître comme un homme digne et respectable. En réalité, il n’a pas de majorité, 61% des Français pensent qu’il ne doit pas avoir la majorité à l’Assemblée nationale. Et l’élection d’Emmanuel Macron a été permise par l’élimination de François Fillon, qui a été éliminé dans des manœuvres politiciennes qui sentent très fort l’arrangement.

Ni Emmanuel Macron ni Marine Le Pen ne peuvent représenter l'unité nationale

RT France : Au lendemain du premier tour, vous avez fait le choix de ne pas donner de consigne de vote. Etes-vous étonné par le niveau record d’abstention et de vote blanc ?

J. C. : Non, pas du tout, parce que j’en fais partie. J’ai moi-même voté blanc à cette élection. Je ne pouvais voter ni pour l’un ni pour l’autre. C’est un arrangement. C’est un jeu prévu d’avance. Et je dis «non» à ce jeu. Je ne sais pas ce qui va venir à l'avenir. J’espère être catalyseur avec mon tout petit résultat, mais en même temps avec les idées. D’être catalyseur d’une unité nationale. Ni Emmanuel Macron ni Marine Le Pen ne peuvent représenter cette unité nationale. Elle doit venir d’ailleurs, et j’espère accoucher de cette unité nationale, un peu comme le ferait un Socrate électoral.

Nous rentrons dans un monde où les idées seront reconnues

RT France : Quelles sont vos pronostics pour les législatives, y compris pour votre parti ?

J. C. : Je pense qu’il n’y aura pas de majorité aux législatives. Nous voudrions bien avoir beaucoup de candidats, mais on n’a pas l’argent, c’est comme la présidentielle. Nous avons fait une campagne à 400 000 euros qui ne correspond même pas à une réunion d’Emmanuel Macron, ou des autres d’ailleurs. Donc, nous avons très peu de moyens. Mais je pense que nous rentrons dans un monde où les idées seront reconnues, et on verra que la question principale que j’ai développée tout au long de cette campagne, c’est-à-dire qu'il faut faire sauter le verrou des marchés financiers. Cette question va se poser maintenant, parce que si on ne fait pas sauter le verrou des marchés financiers et si on pratique une politique d’austérité sociale, il y aura en France une espèce de révolte, de révolution avec les gens dans les rues. Et cela peut venir très vite. Je pense qu’à la Toussaint, vers le 1er novembre, Emmanuel Macron n’aura pas plus de 20% d’approbation dans la population, s’il continue à faire ce qu’il pense faire par ordonnance.

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