Chaque président américain envisage de renverser le gouvernement nord-coréen, car ce pays, comme la Syrie, n’est pas soumis et colonisé par Washington, juge Daniel Shaw, expert en affaires publiques et professeur à l'Université de New York.
Donald Trump s'est récemment prononcé sur les décisions difficiles qu'il a dû prendre depuis son entrée en fonction.
Dans une interview à CBS News, le président américain a expliqué sa décision de frapper la Syrie le mois dernier et les réflexions qu'elle lui a inspirées.
RT : Après la démonstration de force en Syrie et des mouvements agressifs dans la péninsule coréenne, Donald Trump admet soudainement qu'il a eu peur de tuer les mauvaises personnes. Essaie-t-il ainsi de présenter sa présidence et sa personne sous un jour plus doux ?
Daniel Shaw (D. S.) : De temps en temps tout peut arriver. Il est certainement étrange d'entendre un président américain qui se préoccupe – ou essaye de montrer qu’il se préoccupe – de la vie des Syriens ou du monde arabe, ou du Moyen-Orient après les présidences successives de George Bush senior, de Bill Clinton, de George Bush junior et de Barack Obama qui ont attaqué l'Irak, l'Afghanistan [et soutenu] la guerre contre le Yémen et la Libye. Donc, c’est vraiment étrange d’entendre Donald Trump reconnaître combien les civils ont été affectés par les bombardements et les interventions américaines.
RT : La menace nord-coréenne occupant la place centrale dans les médias, Donald Trump a donné une réponse vague sur la probabilité d'un recours à des mesures militaires, avec la formule : «Nous allons voir.» Existe-t-il un plan ou dans le cas contraire cherche-t-il à gagner du temps pour en développer un ?
Les Nord-Coréens ont fait comprendre qu'ils n'allaient pas suivre le chemin de l’Irak, de l’Afghanistan
D. S. : Donald Trump a le même plan que celui de chaque présidence américaine pour renverser le gouvernement en République populaire de Corée, soit la Corée du Nord. Le véritable crime de la Corée du Nord – comme le véritable crime de la Syrie – c’est qu’elle n'est pas soumise et colonisée par les Etats-Unis. Cela n'a rien à voir avec la violation des droits de l'homme ou les armes nucléaires. Ce n'est qu’une excuse pratique. Rien ne les arrêtera. Ils menacent, d’après le pape François, la moitié de l'humanité avec une nouvelle guerre. Les médias américains jouent un rôle prévisible, préparant le public américain à une autre guerre, essayant de présenter les Nord-Coréens comme s'ils étaient des agresseurs – mais qui peut croire à cela ? Qui a attaqué la Corée du Nord ? En fait, c’est la péninsule coréenne elle-même qui a perdu environ de 4 à 5 millions de personnes entre 1950 et 1953, lors de la guerre d'agression américaine en Corée. Nous savons qui sont les victimes, historiquement parlant.
RT : Pensez-vous que les Etats-Unis sont vraiment prêts à attaquer la Corée du Nord tout en sachant qu'elle va réagir ?
D. S. : C'est ce qui a retenu les Etats-Unis jusqu'à présent. On dirait que les Nord-Coréens ont fait comprendre qu'ils n'allaient pas suivre le chemin de l’Irak, de l’Afghanistan ou de la Syrie. Comme les Iraniens, ils ont dit : «Ce qui est bon pour l'un est bon pour l’autre.» Si le club impérialiste peut posséder le monopole sur les armes nucléaires, pourquoi n'avons-nous pas le droit de nous défendre ? Les Coréens ont déclaré que, si cela s'avérait nécessaire, ils lanceraient une contre-attaque qui pourrait immédiatement raser les bases militaires américaines au Japon et en Corée du Sud. Je pense que les Coréens se sont montrés très intelligents et courageux jusqu'à présent en prenant cette position.
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