La diplomatie française «s’est totalement collée à la diplomatie américaine»

La diplomatie française «s’est totalement collée à la diplomatie américaine»© Joshua Roberts Source: Reuters
Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson parle au ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault
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Si le chef de la diplomatie française déclare que le départ de Bachar el-Assad n'est pas primordial, cela montre à quel point la France dépend des Etats-Unis sur le plan de sa politique étrangère, estime le député Les Républicains, Nicolas Dhuicq.

RT : L'ambassadrice des Etats-Unis auprès de l'ONU, Nikki Haley, a affirmé le 30 mars que Washington ne considérait plus le départ du président syrien Bachar el-Assad comme une priorité pour mettre fin à la guerre civile. Est-ce une décision attendue ?

Nicolas Dhuicq (N. D.) :  C’est une décision que j’espérais beaucoup, puisque le soldat syrien se bat pour son pays et pour le président Assad qui incarne l’unité de la nation syrienne. C’est une décision tout-à-fait sage.

Ce serait une erreur d’avoir une partition de la Syrie

RT France : La déclaration de Jean-Marc Ayrault veut-elle dire que la diplomatie française s’appuie sur les déclarations américaines dans le dossier syrien ?

N. D. : Cela veut dire que, comme chacun le sait malheureusement, notre diplomatie s’est totalement collée à la diplomatie américaine pendant plusieurs années et qu'elle s'est aussi totalement trompée sur le diagnostic de la guerre. 

Je pense donc que la déclaration de Jean-Marc Ayrault consiste enfin à rendre compte de la réalité, à savoir que l’armée arabe syrienne se bat pour son pays, que la Syrie est une nation qui doit retrouver toute sa souveraineté. J’attire l’attention de toutes les autorités, qu’elles soient russes, américaines ou françaises sur le fait qu’il est impératif que la Syrie retrouve la pleine possession de son territoire et de sa souveraineté. Ce serait une erreur d’avoir une partition de la Syrie, en particulier avec un Kurdistan superficiellement considéré comme autonome, même s’il faut reconnaître des droits aux Kurdes, au moins au niveau culturel.

Je suis très heureux de cette évolution. Malheureusement, le peuple syrien entre dans une septième année de guerre et paie au prix fort, celui du sang, l’aveuglement occidental.

RT : Cela va-t-il faire changer la position d’autres pays membres de la coalition occidentale ?

N. D. : J’espère que cela va engendrer une réaction en chaîne vertueuse et que nous allons revenir au principe de réalité dans la diplomatie, soit considérer qu'il revient aux Syriens de se libérer du joug islamique avec notre aide et qu'ensuite, ce sera aux Syriens de décider eux-mêmes de leur avenir.

Il faut que le pays retrouve son intégrité et sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire

RT : Pensez-vous que les déclarations de Rex Tillerson et de Nikki Haley traduisent le fait qu'ils adoptent une Realpolitik ou y a-t-il une autre raison au retournement de la position américaine sur l'avenir de Bachar el-Assad ?

N. D. : Il s’agit du principe de réalité. Ce que j’espère, c’est que les Européens, y compris la Russie, feront entendre aux Etats-Unis qu’il faut éviter un démembrement de la Syrie. A l'heure actuelle, il faut premièrement déloger les derniers terroristes, en particulier à Idleb, et deuxièmement, donner sans doute au niveau culturel et régional quelques droits aux Kurdes de Syrie. Mais surtout, il faut éviter un démembrement du pays. Il faut que la Syrie retrouve son intégrité et sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire, car si nous oublions cela, nous maintiendrons un état de guerre perpétuel.

RT : Considérez-vous que le fait que la Turquie arrête son opération «Bouclier de l’Euphrate» soit important en vue de la résolution du conflit ?

N. D. : C’est un signe important, puisque l’armée turque se trouve illégalement sur le territoire syrien, tout comme quelques marines américains d’ailleurs. Je rappelle que la guerre en Syrie est une guerre étrangère imposée au peuple syrien. Il y a 40 000 combattants étrangers parmi les islamistes et la Turquie a pénétré dans le pays sans autorisation du gouvernement syrien, contrairement à l’armée russe. Cette dernière a mené une véritable coopération avec l’armée arabe syrienne. En ce qui concerne la Turquie, Recep Tayyip Erdogan a certainement tiré les conséquences de la tentative du coup d’Etat dont il a été victime [juillet 2016]. Je crois que c’est un très grand pragmatique qui sait mesurer les rapports de force. Ce rapport a évolué et le président turc a compris qu’il ne pouvait plus y avoir de clivage aussi profond qu’à l’époque de Barack Obama entre la Russie et les Etats-Unis.

Lire aussi : La fin de l'opération turque en Syrie n'est que la partie émergée de l'iceberg diplomatique

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