Informations sur la situation en Syrie : «Bruxelles est un centre de fabrication de fake news»

En Syrie, les enquêtes du Centcom américain sur les victimes civiles de ses frappes n'ont aucune chance d'être objectives et Bruxelles contribue à la fabrication de fake news reprises par les agences de presse explique le journaliste Martin Jay.

RT : CNN a rapporté que les Etats-Unis avaient démenti avoir bombardé une mosquée mais reconnu avoir bombardé un bâtiment qui se trouvait juste à côté. La BBC a raconté que des civils avaient été tués dans des bombardements massifs, mais mentionné les bombardements américains seulement après avoir dits que des avions russes se trouvaient au-dessus de la région où il y avait eu des victimes civiles. D’autres médias ont accusé Moscou directement. Que pourriez-vous dire d’un tel journalisme ?  

Martin Jay (M. J.) : C’est ce que j’appelle «un centre d'appels» ce journalisme. Notamment si vous regardez les reportages de CNN sur la Syrie, c’est diabolique. Il y avait un personnage appelé Danny Dayem, un opérateur qui fabriquait des «fake news» et qui a été embauché par CNN pour faire des interviews. Plus tard, on a appris qu’il était payé par les extrémistes en Syrie. Voilà comment CNN travaille, et ce n’est guère mieux avec la BBC.

Les superpuissances qui sont derrière les pourparlers sur le conflit syrien, ne disposent pas de toutes les informations nécessaires. Il s’agit du processus politique et de la situation sur le terrain de bataille

Mais cela fait partie d’une histoire plus grande : si on jette un coup d’œil sur le champ de bataille en Syrie et sur les pourparlers de paix organisés au Kazakhstan et en Suisse, une question se pose, pourquoi nous n’avons fait aucun progrès du tout au cours de ces années. Une des raisons pour cela c’est que les superpuissances qui sont derrière ces négociations – la Russie, les Etats-Unis, la Turquie et l’Iran – notamment les responsables qui participent à ces pourparlers, ne disposent pas de toutes les informations nécessaires sur le sujet. Il s’agit non seulement du processus politique, mais aussi de la situation sur le terrain. Il semble qu’aujourd’hui nous sommes embourbés dans un marécage de «fake news» provenant de Syrie.

Je crois que c’est inévitable, si on examine l’histoire du conflit, et si on regarde, comment exactement les grands médias obtiennent leurs informations – certains reportages peuvent être fournis à CNN et à BBC par l'AFP qui semble être une des premières sources. Mais regardez plus attentivement d’où viennent ces histoires, et vous trouverez qu’elles ont été produites par une organisation syrienne basée au Royaume-Uni, l'OSDH, qui consiste en un seul individu anti-Assad qui est financé par l’UE et par le gouvernement britannique pour créer et diffuser des «fake news» sur les horreurs qui arrivent chaque jour en Syrie.

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RT : A cause des «fake news» Donald Trump a qualifié certains médias d’«ennemis du peuple». Quant à la frappe américaine contre la mosquée au Nord de la Syrie, le Centcom déclare qu’il va consulter les rapports sur les victimes civiles. Jusqu'à quel point une enquête du Centcom sur ses propres actions peut-elle être objective ?  

M. J. : Cela ne peut bien sûr pas être une enquête objective. Une des vraies questions c’est qu’on n’a pas d’autocensure, nous n’avons pas d’organisations qui peuvent être objectives à l’égard de la plupart des informations qui viennent de la zone de conflit en Syrie. L'origine de ces informations que les journalistes doivent vérifier le plus vite possible certaines informations, vient de militants.

Nous sommes loin d’avoir une forme d’autocensure et de ce qu’on pourrait qualifier de «couverture objective», et l’UE a une importante responsabilité dans cela

En revenant sur cette organisation britannique financée par l’UE – je connais des journalistes de l'AFP qui sont extrêmement frustrés et déçus de devoir diffuser tous les jours ces informations de seconde main. Nous sommes loin d’avoir toute sorte d’autocensure et de ce qu’on pourrait qualifier de «couverture objective», et l’UE a une importante de responsabilité dans cela.

On a oublié, il semble, que l’épicentre des «fake news» se trouvait à Bruxelles. J’ai vécu à Bruxelles pendant 11 ans, et je peux vous dire que 800-900 journalistes assistent chaque jour aux briefings de la Commission européenne, et reproduisent plus ou moins littéralement les informations qu’ils reçoivent des attachés de presse, sans les vérifier. C’est la plus importante partie du problème. Nous avons besoin de vérifier plus, il faudrait inventer un mécanisme pour cela, ou, par exemple, ou il faut inventer un logotype désignant que ces informations ont été fournies par une organisation financée par l’UE. Ce serait un pas dans la bonne direction.

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