Les exercices antirusses de l'OTAN reprennent, l'Allemagne annonçant un déploiement des chars en Lituanie.
Plus tôt cette semaine, des manœuvres militaires conjointes américano-polonaises impliquant 3 500 soldats Américains ont démarré en Pologne.
Le commandement allemand a déclaré que près de 200 véhicules militaires seraient envoyés, dont 30 chars. Ce premier a également affirmé que le mouvement des troupes, qui a commencé le 31 janvier, se poursuivrait jusqu'à la fin de février.
RT : Quelque 3 500 soldats américains ont été déployés en Pologne. C’est la première fois que les Etats-Unis y envoient des soldats en si grand nombre. Pour quelle raison leur faut-il une présence aussi forte aux frontières de la Russie ?
Je ne pense pas que ces conflits puissent être résolus en brandissant des sabres
Elsa Rassbach (E. R.) : C'est aussi la première fois que des troupes américaines seront stationnées aux frontières de la Russie. C'est très préoccupant. La raison donnée par l'OTAN et de nombreux politiciens occidentaux est que la Russie aurait des intentions agressives. Ils citent le conflit en Ukraine, ils citent la Crimée, et ils disent que les Etats comme la Pologne et les pays baltes sont préoccupés par une agression russe. Ils veulent montrer que la Russie ne serait pas en mesure de réussir s’il elle voulait passer par une d’agression.
Je n'ai personnellement vu aucune preuve du fait que la Russie ait effectivement tenté ou au moins envisagé d'envahir l'un de ces Etats. A mes yeux c’est plutôt une étape de la progression de l'empire et la tentative de devenir la seule force au monde à pouvoir dire à tous les autres pays ce qu'il faut faire. Voilà comment je vois la situation.
RT : L'OTAN affirme que cette campagne vise à dissuader une agression russe en Europe de l'Est. De quelle agression parlent-ils en déployant des troupes en Lituanie ou en Pologne ?
E. R. : Comme je l'ai dit, je ne crois pas qu'il y ait eu de preuve d'agression contre ces pays. Ils citent l'Ukraine – c'est une situation complexe, l'UE y avait proposé un accord commercial. Cela correspondait peut-être à ce que certains Ukrainiens - mais pas tous - considéraient comme allant dans leurs intérêts. Beaucoup de gens, en Ukraine, commerçaient avec la Russie. Cela a abouti, finalement, à ce que beaucoup de gens appellent au coup d'Etat contre le gouvernement ukrainien.
La sécurité de l’ensemble de l’Europe est menacée
Depuis lors, l'Ukraine est dans un conflit interne entre une grande partie de la population de langue russe, à l'est, et les autres. En Crimée, il y a vraiment eu un vote, et la majorité de la population a voulu être rattachée à la Russie, dont ils ont fait partie pendant très longtemps avant les dernières décennies. Je ne pense pas que ces conflits puissent être résolus en brandissant des sabres, comme l'a fait l'année dernière Frank-Walter Steinmeier, alors ministre allemand des Affaires étrangères. Maintenant, ils passent à un autre niveau d’exercices militaires. C'est un énorme exercice, sans précédent depuis la fin de la Guerre froide.
RT : Le 31 janvier, Jens Stoltenberg a déclaré qu’il fallait parler avec la Russie en ayant une positon de force. Est-ce productif ?
E. R. : Malheureusement, je crois que cela peut être aussi la ligne suivi par le président Donald Trump. Malgré ses déclarations pendant sa campagne électorale, assurant qu’il établirait un dialogue, il a signé le 27 janvier un ordre exécutif sur l’énorme accroissement de la puissance militaire américaine. Cet ordre commence avec une phrase : «La politiques des Etats-Unis est d’instaurer la paix par la force.»
En outre, le secrétaire à la Défense que Trump a choisi, James Mattis, et son secrétaire d’Etat, Rex Tillerson, ont tous deux soutenu l’OTAN lors de leurs audiences d’approbation au Sénat des Etats-Unis. Je voudrais voir le président Trump prendre l’initiative ici, s’il veut vraiment poursuivre les négociations avec la Russie et réduire ce type d’activité militaire – cela ne sert à rien.
RT : Stoltenberg a aussi annoncé : «Nous ne cherchons pas une affrontement avec la Russie ; nous ne voulons pas de nouvelle Guerre froide.» Est-ce l’impression que vous avez en regardant les vidéos de promotion de l’OTAN ?
E. R. : Non, je n’ai pas une telle impression. Je suis assez vieille pour me rappeler de la crise des missiles de Cuba, quand le gouvernement des Etats-Unis a été horrifié par les missiles stationnés à Cuba. Je ne peux imaginer ce que la plupart des Américains auraient pensé, si, disons, la Russie et de la Chine effectuaient des exercices militaires d’une telle ampleur à la frontière entre le Mexique et le Texas. Bien sûr, cela semble agressif pour les Russes, et cela n’est pas un chemin qui mène à la paix. Ce qui mène à la paix, ce sont les pourparlers, et l’inclusion de la Russie dans les plans de sécurité de l’Europe – ce qu’il faut faire avec la Russie, et non pas contre elle.
RT : Quel impact ces jeux de guerre et déploiements ont-ils sur la situation sécuritaire en Europe ?
E. R. : J’estime que c’est un impact très négatif, en particulier pour les pays voisins de la Russie. Toute erreur pourrait faire dégénérer ces exercices en conflit réel. La sécurité de l’ensemble de l’Europe est menacée, et c’est une raison pour laquelle de nombreux personnes en Allemagne espèrent qu’il y aura la paix avec la Russie. Ils ont peur qu’une guerre ne puisse se développer à partir de tels exercices. Mais ces exercices révèlent aussi, malheureusement, la volonté des Etats-Unis et de l’OTAN de s’engager dans la guerre.