Les pourpalers au format Russie-Iran-Turquie pourraient aider à trouver un accord de paix en Syrie, contrairement aux efforts de la politique occidentale dans la région qui résultent en la division du pays, affirme le commentateur Abdel Bari Atwan.
La Russie, la Turquie et l’Iran ont déclaré qu’ils s’uniraient pour assurer le processus de paix en Syrie. Les hauts diplomates des pays mentionnés se sont rencontrés à Moscou au lendemain de l’assassinat de l’ambassadeur russe en Turquie, qui a eu lieu le 19 décembre à Ankara.
La Russie et la Turquie ont avancé que le meurtre visait à déstabiliser les relations entre les deux pays. RT a interviewé Abdel Bari Atwan pour lui demander, qui, selon lui, pourrait bénéficier de l’aggravation des relations turco-russes.
Il explique que l’assassinat de l’ambassadeur Andreï Karlov avait deux objectifs : signifier que la Turquie n’était pas du tout en sécurité et chercher à perturber ou à détruire les relations entre la Russie et la Turquie.
«Si nous regardons qui en tire profit – les Etats-Unis et leurs alliés dans la région sont certainement les principaux bénéficiaires de cet assassinat. Ils veulent embrouiller les choses entre la Russie et [la Turquie]. Ils auraient voulu empêcher la rencontre qui a eu lieu [hier] à Moscou avec la participation des ministres des Affaires étrangères russe, turc et iranien et dont le but était d’essayer de parvenir à un règlement pacifique de la situation syrienne», suggère Abdel Bari Atwan. Mais de son point de vue, cette tentative s'est révélée infructueuse.
«La rencontre a eu lieu… Erdogan était très déterminé à renforcer et développer les relations avec la Russie et avec Vladimir Poutine. Alors cet assassinat a été contre-productif, le résultat étant contraire à l'objectif», souligne-t-il. Selon Abdel Bari Atwan, le meurtre de l’ambassadeur russe ne va pas influencer le processus de paix en Syrie.
«Malgré la tragédie, cela pourrait se révéler très utile de rassembler la Turquie, l’Iran et la Russie, les pays les plus influents au Moyen-Orient à l’égard de la crise syrienne, afin de définir une sorte de feuille de route, un plan de sortie de cette horrible situation en Syrie»explique aussi le journaliste palestinien.
Il est clair maintenant que toutes les initiatives précédentes, y compris celles du groupe des Amis de la Syrie et les négociations de paix de Genève et de Vienne pour la Syrie, ont «totalement échoué», selon Abdel Bari Atwan pour qui ce nouveau format – les pourparlers Russie-Iran-Turquie – pourrait être «extrêmement productif, car ces trois pays sont présents sur le terrain en Syrie».
«Tous ensemble, ils pourraient parvenir à une sorte de règlement paisible et assurer cet accord de paix et son exécution sur le terrain», ajoute l’analyste.
En parlant de la réaction possible de l’Occident à cette «troïka», comme le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov l’a nommée, Abdel Bari Atwan a rappelé que les pays occidentaux étaient impliqués depuis bientôt six ans dans la crise syrienne, mais ils ont échoué à aboutir «à un accord de paix ou à une solution politique».
«Qu'ont-ils fait ? Il ont créé une anarchie meurtrière. Ils ont démembré le pays, une guerre après l’autre. Ils ont créé un incubateur pour organisations islamistes radicales, telles que Daesh ou Al-Qaïda. Que peuvent-ils bien faire maintenant ?», s'est il demandé.
«Ils avaient les cartes en main. Le résultat a été sanglant. Alors maintenant il y a cette troïka – les trois pays travaillent ensemble et déclarent : "Regardez, n’intervenez pas". Mais s’ils essaient d’intervenir, je ne pense pas que cela soit couronné de succès. Le peuple syrien, autant que je sache, est indigné, car l'Occident, les Etats-Unis et les pays arabes du Golfe déçoivent plutôt que d'aider à trouver une solution pacifique… ou à mettre fin à cette guerre. Ils ont échoué [sur le plan militaire et politique]», souligne encore Abdel Bari Atwan.
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