Les Occidentaux se sont trompés de ligne au Proche-Orient et maintenant doivent finalement identifier leur vrai ennemi commun avec la Russie : l'islamisme, rappelle Eric Anceau, responsable du projet présidentiel de Nicolas Dupont-Aignan.
RT France : L’Europe et la Russie ont été touchées par des attentats. En voilà un autre qui frappe la Russie en Turquie. Comment lutter contre un tel phénmène ?
Il faut identifier l’ennemi. Aujourd’hui, l’ennemi qui représente la plus grande menace commune est le terrorisme islamiste. C’est lui qui sème la mort à travers le monde. Comme nous le réclamons depuis trois ans à Debout la France, il est capital que tout le monde – Europe occidentale, Russie et Etats-Unis –coopère dans cette lutte. Les Occidentaux se sont trompés sur toute la ligne de Tripoli à Bagdad, en passant par Damas, soit qu’ils aient ouvert eux-mêmes des boîtes de Pandore, soit qu’ils aient refusé d’en refermer d’autres en tombant d'accord avec les Russes. Attention aussi aux tenants de la morale hémiplégique qui dénoncent les bombardements terribles d’Alep-Est, en en oubliant leur cause et en taisant ceux d’Alep-Ouest qui les ont précédés. En géopolitique, il y a rarement une solution idéale et il faut choisir entre les moins mauvaises.
Сeux qui voient dans cet attentat d’Ankara un nouveau Sarajevo et qui comparent l’assassinat de Karlov à celui de Franz-Ferdinand me font rire
RT France : Pensez-vous que cet événement tragique va influencer les relations russo-turques ?
L’islamiste qui a assassiné l’ambassadeur russe a précisément justifié son geste par ce qui venait de se produire à Alep. Au-delà de la vengeance, il espère sans doute que le processus de rapprochement spectaculaire entre Moscou et Ankara prendra fin. Rappelons ici que depuis le putsch raté du 15 juillet dernier – que Recep Tayyip Erdogan impute à son ancien allié Fethullah Gülen réfugié aux Etats-Unis – le président turc est très remonté contre Washington et l’OTAN, accusés de complicité passive, voire d’avoir tout piloté.
Aussi ceux qui voient dans cet attentat d’Ankara un nouveau Sarajevo et qui comparent l’assassinat de Karlov à celui de Franz-Ferdinand me font rire. Je pense au contraire que les liens russo-turcs vont se resserrer davantage. Erdogan vient d’ailleurs d’appeler Poutine pour l’assurer de son total soutien. Le danger est ailleurs…
L’assassinat intervient au moment où un accord venait enfin d’être conclu à l’ONU sur Alep
RT France : Cet assassinat va-t-il influencer les relations russo-occidentales ?
Précisément. Cet assassinat est intervenu au moment où un accord venait enfin d’être conclu à l’ONU sur Alep.
On peut considérer en première approche que cet attentat ne sert pas les intérêts des Occidentaux puisqu’il montre, une nouvelle fois, le danger islamiste. Ils ne peuvent naturellement que le condamner officiellement, comme vient d’ailleurs de le faire le président Hollande dans un communiqué.
Cependant, un tel communiqué semble tarder à venir de Washington.
De son côté, Igor Korotchenko, le redacteur en chef du magazine de Défense nationale russe vient de sous-entendre l’implication américaine dans une série de tweets.
Cela fait suite aux déclarations de Barack Obama sur le rôle de la Russie dans l’élection de Donald Trump. Indéniablement, il y a là une escalade potentiellement très dangereuse entre ces deux grands Etats. Il appartiendra au président américain élu d’amorcer une désescalade dès son investiture, dans un mois. Le temps presse. Encore une fois, il ne faut pas se tromper de cible !
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