Martin Schulz s’est montré un président du Parlement européen «assez sectaire», et pour l'eurodéputé français Bruno Gollnisch il y a peu d'espoir que la situation change après qu'il aura quitté son poste.
RT France : Martin Schulz a annoncé aujourd’hui, le 24 novembre, qu’il allait quitter le parlement européen. Quel est le bilan du travail de Martin Schulz en tant que président du Parlement européen ?
Bruno Gollnisch (B. G.) : Il est le produit d’un accord immoral entre les prétendus démocrates-chrétiens, dont les racines chrétiennes ne sont pas véritablement apparentes, et les socialistes. Or ces gens-là sont théoriquement rivaux au cours des élections et font semblant d’afficher des différences. Et sitôt les élections terminées, ils s’entendent pour se répartir les postes. C’est dans ce cadre-là que Martin Schulz est devenu président du Parlement européen : il était le président du groupe socialiste, mais les chrétiens-démocrates ne lui ont opposé personne de crédible et cela a résulté en un accord moyennant quoi les socialistes acceptaient de ne pas trop ennuyer Jean-Claude Juncker en tant que président de la Commission européenne.
Ces accords se font sur le dos des citoyens à qui on fait croire que ces gens-là ont des visions de l’Europe opposées, alors qu’ils sont parfaitement solidaires dans une vision unique de l’euromondialisme, de l’ouverture des frontières européennes à tous les flux de marchandises, de capitaux et de personnes, y compris à l’échelle du monde entier, ce qui a des effets dévastateurs sur nos nations.
Martin Schulz s’est montré un président du Parlement assez sectaire, très germanique dans sa façon de procéder, punissant les députés qui tenaient des propos qu’il estimait injustifiables. Mais il est un instrument, il a accompagné la dérive de cette institution qui se croit autorisée, au lieu de gérer des problèmes très difficiles de l’Union européenne, à donner au monde entier des leçons de soi-disant démocratie.
On prête à Martin Schulz l’ambition de vouloir devenir le vice-chancelier d’Angela Merkel…
Je n’attends pas de changement très profond dans l’évolution de cette institution
RT France : Si c’est le cas, que cela pourrait-il donner ?
B. G. : Rien, c’est très exactement la prolongation de cet accord scélérat qu’il y a en Allemagne entre les socialistes et les démocrates-chrétiens et qui préside très bien la décadence de l’Allemagne. Dans le contexte général de déclin de la civilisation européenne c’est plutôt préoccupant.
RT France : Si Martin Schulz était si bien implanté au Parlement européen, pourquoi en part-il ?
B. G. : Peut-être qu’il pense que le poste de vice-chancelier lui permettra à l’avenir de devenir chancelier lui-même ? Peut-être pense-t-il que sa réélection [au Parlement européen] en janvier n’était pas du tout assurée. Son comportement et son sectarisme ont quand même suscité une certaine lassitude chez beaucoup de députés européens. Je ne suis pas certain qu’il aurait été réélu.
RT France : Qui d’après vous pourrait prendre la place de président du Parlement ? Quel pourrait être le changement avec le nouveau président ?
B. G. : D’abord il y aura un changement de comportement. Je ne fonds pas beaucoup d’espoir sur le changement de président, parce que c’est l’institution elle-même qui est corrompue et ne fonctionne pas comme elle devrait. Par conséquent, quel qu’en soit le président, il sera l’émanation cette fois plus des socialistes mais de l’autre grande force de ce Parlement alliée aux socialistes, le groupe PPE, alias démocrate-chrétien. On mentionne plusieurs candidats. Il y a un candidat français, Alain Lamassoure, qui est un européiste, un euromondialiste convaincu, qui est un homme qui a une courtoisie certaine et qui sera certainement un président plus agréable que Martin Schulz, plus respectueux peut-être des droits de ses collègues. Il y a aussi un candidat italien issu du mouvement de Silvio Berlusconi, je ne crois pas qu’il ait beaucoup de chances. Il y a un outsider qui me parait être un homme intéressant et sympathique même si je ne partage pas toutes ses opinions politiques, c’est Aloij Peterle qui a été Premier ministre de Slovénie et qui va jouer la carte des «petits» Etats de l’Europe centrale et orientale, qui ont aussi le droit de prétendre à exercer la présidence du Parlement et pas seulement les représentants de grands Etats comme la France, l’Italie, etc.
Je pense donc qu'Alain Lamassoure et Aloij Peterle sont des candidats beaucoup plus agréables et plus tolérants peut-être que Martin Schulz. Mais je n’attends pas de changement très profond dans l’évolution de cette institution.
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