Lors du briefing du Département d'Etat, le 16 novembre, son porte-parole John Kirby a accusé la Russie et le régime syrien d’avoir bombardé «cinq hôpitaux et au moins une clinique mobile en Syrie».
Une journaliste de RT lui a demandé de donner des détails sur ces incidents présumés, y compris le lieu où ils se sont produits.
John Kirby a simplement poursuivi ses accusations, en ajoutant qu'il ne traiterait plus RT comme les autres médias.
RT: Le porte-parole du département d’Etat américain a accusé la Russie des frappes aériennes contre un hôpital, bien que le rapport de l’Organisation mondiale de la Santé n’évoque même pas le Russie. A quoi bon ce jeu d’accusations ?
Daniel Kawczynski (D. K.) : Il était effrayant d’écouter cette intervention du fonctionnaire du département d'Etat. Mon expérience me dit que les journalistes ici et les professionnels de RT à Londres, représentent un mélange très éclectique de journalistes professionnels, hautement qualifiés et déterminés à trouver la vérité. Il est très regrettable que John Kirby utilise ces mots pour éviter de répondre à une question, en s’attaquant à l’entreprise elle-même. Je pense qu’il y a des leçons à tirer du comportement de ce fonctionnaire.
Il y a clairement des opinions polarisantes concernant le déroulement de la guerre en Syrie, les responsables de cette guerre terrible et brutale, ainsi que la façon dont les civils y sont entraînés. C’est pour cette raison qu’il est très important que des entreprises comme RT y aient accès pour contester ce genre de suggestions faites par des responsables.
L’hystérie antirusse qui envahit les cercles politiques à Londres et à Washington a énormément attisé les tensions
RT : Les forces aériennes russes n’ont mené aucune frappe aérienne sur Alep au cours de trente derniers jours. Cependant, les rebelles affiliés à Al-Qaïda continuent à bombarder sans relâche la partie occidentale de la ville et les couloirs humanitaires. Pourquoi la Syrie et la Russie se prennent-elles de front toutes ces accusations alors que cela semble être un échec des efforts humanitaires ?
D. K. : Il est très important que RT démontre à chaque occasion la brutalité effrayante qui a lieu en Syrie à cause de ces terroristes. Ils utilisent des gens, des enfants en tant que boucliers humains. Ils savent qu’ils sont incapables de battre les forces russes qui ont des armes, des avions et des capacités de combat supérieurs. Du coup, ils utilisent délibérément des civils en essayant de gagner leur guerre médiatique. C’est extrêmement dangereux. Cela crée une vision très obscurcie ici, au Royaume-Uni et partout en Occident. Il est très important que RT et d'autres montrent à mes concitoyens ici, au Royaume-Unis, la situation réelle sur le terrain, car il est impossible qu’on continue à leur transmettre un point de vue très partial.
RT : Dans les médias occidentaux certains tiennent pour responsables les seuls gouvernement syrien et Etat russe, mais les informations sur les violations des droits de l’homme commises par les rebelles soutenus par les Etats-Unis, continuent à apparaître. Pourquoi leur accorde-t-on si peu d’attention ?
D. K. : C’est pour cette raison qu’un certain nombre de mes collègues du Parti conservateur et moi-même sommes absolument déterminés à augmenter la pression sur notre propre gouvernement en ce qui concerne l’évolution des relations russo-britanniques. Par le passé, j’avais utilisé le mot «hystérie» et j’ai été condamné pour cela, mais l’hystérie antirusse qui envahit les cercles politiques à Londres et à Washington a énormément attisé les tensions qui existent non seulement au niveau des relations bilatérales, mais aussi au niveau des guerres médiatiques, quand chaque côté essaye d’accuser l’autre d'atrocités et d’avoir un comportement inapproprié.
Le Royaume-Uni devra réévaluer sa propre position vis-à-vis de Moscou
Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour négocier avec les Russes, pour nous asseoir à la même table avec les Russes, pour essayer de mettre fin à cette guerre. Le monde regarde et s'attend à ce que le nouveau président des États-Unis, lorsqu'il entrera en fonction, fasse le tour de la table avec le président Poutine et essaie de travailler avec lui de manière constructive pour tenter de détruire l'Etat islamique en Syrie. Travaillons ensemble. Mettons de côté certaines de ces tensions atroces qui ont été accumulées. Je ne pense pas que nous puissions voir la fin de la guerre en Syrie à moins que les Américains et les Russes ne commencent à collaborer plus efficacement à ce sujet.
RT : Au cours des dernières 72 heures, le président élu des Etats-Unis, Donald Trump, a eu une conversation téléphonique avec Vladimir Poutine. Les deux hommes auraient accepté d'aller plus loin après les terroristes en Syrie. Qu'est-ce que ça veut dire ?
D. K. : C'est une question à un million de dollars. Cette question est fascinante parce que, bien sûr, le Royaume-Uni devra réévaluer sa propre position vis-à-vis de Moscou quand les tensions qu'entretient notre partenaire stratégique principal au sein de l'OTAN avec Moscou commenceront à diminuer.
Ce serait une situation assez étrange et particulière si l'OTAN dans son ensemble ne considérait pas le changement de présidence et de politique des Etats-Unis comme une sorte d’indice ou de premier violon. Moi et quelques autres, nous demandons une réévaluation radicale de notre relation avec la Russie depuis longtemps. Et de l'efficacité des sanctions antirusses. Cette victoire de Donald Trump est très importante et je connais des amis qui sont démocrates et qui votent normalement démocrate aux Etats-Unis, mais qui ont voté spécifiquement pour Donald Trump parce qu'ils étaient très inquiets de la trajectoire que prenait la confrontation avec la Russie qui s'est exacerbée sous Obama et qui aurait été amplifiée sous la présidente Clinton.
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