RT : Lors de la conférence de presse du département d’Etat américain, son porte-parole, John Kirby, a déclaré que RT n’était pas au même niveau que les autres médias présents. Cela s’est passé après que la correspondante de RT lui a demandé de fournir des preuves concernant les frappes contre des hôpitaux syriens présumées russes. Sa réponse était-elle appropriée ?
Jim Jatras (J. J.) : Ce n’était pas approprié du tout. J’ai lu la transcription et c’est intéressant qu’il ait critiqué RT pour son financement étatique, avant de dire immédiatement après que c'était au tour de la BBC de poser une question. Je suppose qu'il s'agit de doubles standards. Sur le fond, en ce qui concerne Alep, il y a une offensive syrienne soutenue par la Russie contre Al-Qaïda, qui ressemble de manière frappante à l’offensive irakienne soutenue par les Etats-Unis contre Daesh à Mossoul. Tout le monde comprend la situation à Mossoul : il y a une offensive contre une région peuplée mais contrôlée par un groupe terroriste cruel. Mais il n’y a aucune compréhension d'une telle situation lorsqu'il s'agit d’Alep. Il n’y a que des accusations infondées, sans même identifier les sources de ces accusations... Il est donc difficile de croire que tout cela est fait de bonne foi.
RT : Dans les questions qu'a posées la correspondante de RT, qu'est-ce qui a provoqué cette réaction ulcérée du porte-parole ?
J. J. : Je pense qu’il sait que les faits sur lesquels reposent ces accusations sont faibles. Ce n’est pas ce qui est important aux yeux de l’administration d’Obama. Ce qui est important pour eux, c'est de lancer des accusations, parce que ce qu’ils veulent vraiment faire, et je serai brutalement honnête, c’est protéger Al-Qaïda et d’autres terroristes à Alep, parce que c’est la seule force dont ils disposent sur le terrain. Alors, ils invoqueront des accusations de frappes contre les civils, contre les hôpitaux, des crimes de guerre pour détourner l’attention. C’est vraiment triste de voir une agence gouvernementale américaine s'abaisser à ce point.
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RT : L’ambassadeur de France auprès de l’ONU a qualifié les attaques présumées sur des installations médicales en Syrie par le gouvernement et ses alliés de crimes de guerre. En même temps, il y a des informations que des civils essaient de fuir l’Est d’Alep, mais que les rebelles les en empêchent. Pourquoi n’y a-t-il pas de réaction officielle ?
J. J. : Cela nous ramène à la question de savoir à qui l'on s'adresse. Ce n’est pas au gouvernement d’Assad, pas à l’armée syrienne, ce n’est bien sûr pas à la Russie. Ce sont à ces groupes terroristes, soit Al-Qaïda, soit les groupes liés à Al-Qaïda. Ces mêmes tactiques [militaires] sont utilisées contre les civils à Mossoul et les médias occidentaux nous donnent des informations qui se vérifient. Mais quand ces tactiques sont utilisées par les terroristes à Alep contre les civils, on ne nous le dit pas parce que cela va à l'encontre de la thèse selon laquelle les Russes et les Syriens sont responsables de n'importe quel massacre de civils.
RT et d’autres médias non basés aux Etats-Unis seront qualifiés d’alternatifs
RT : Certains médias occidentaux n'accusent que le gouvernement syrien et la Russie, mais il y a aussi des informations sur des violations des droits de l’homme perpétrées par des rebelles soutenus par les Etats-Unis. Pourquoi ces informations attirent si peu l'attention des médias ?
J. J. : Il y a longtemps, avant la guerre en Syrie, les médias de masse américains sont devenus les porte-voix de la propagande gouvernementale. C’est vraiment un triste développement pour ceux qui devraient être des médias libres et indépendants. C'est l'une des raisons pour lesquelles RT et d'autres médias dont le siège n'est pas aux Etats-Unis sont qualifiés de médias alternatifs. Je pense que de nombreux Américains essayent de faire ce que les gens faisaient du temps de l’Union soviétique, à savoir lire à travers les mensonges des médias officiels et essayer de se faire une idée de ce qui se passe en réalité. C’est une honte de devoir nous abaisser à ce point dans ce pays.