Des échantillons prélevés sur des enfants irakiens des villes bombardées par les Etats-Unis montrent des empoisonnements au plomb, résultat de la guerre et des bases militaires américaines estime Mozhgan Savabieasfahani, toxicologue environnemental.
Le 7 novembre marque le 12e anniversaire du début de la deuxième bataille de Falloujah qu'avaient menée les troupes américaines irakiennes et britanniques en 2004. L’assaut mené par les Etats-Unis sur Falloujah, bastion de l’insurrection irakienne à l’ouest de Bagdad, était devenu l’une des plus grandes opérations de la seconde guerre irakienne.
Des armes chimiques auraient pu y être utilisées lors de bombardements. De nombreux scientifiques et chercheurs estiment que l'augmentation des problèmes de santé parmi la population de Falloujah, notamment les anomalies congénitales et le taux de cancer, est une conséquence de ces attaques.
On ne sait toujours pas officiellement quelles substances auraient pu être utilisées. Washington n'a confirmé que l'utilisation de phosphore blanc.
«Nous constatons encore l’influence de ces bombardements», a confié à RT le toxicologue environnemental Mozhgan Savabieasfahani qui a participé à une étude menée à Falloujah en 2009 et en 2010. Selon elle, le but de cette étude était de savoir quelles sortes de métaux lourds on retrouvait chez les personnes qui avaient été victimes de ces bombardements et les résultats ont montré un niveau très élevé de mercure et de plomb.
L'équipe de chercheurs a également parlé à 70 familles qui ont vécu à Falloujah pendant une période prolongée.
Les jeunes Irakiens avaient été empoisonnés par le plomb provenant de la pollution créée par les bases militaires américaines, ainsi que par les bombardements
«Je me souviens clairement que certaines de ces familles – peut-être 3% ou 4% des personnes interrogées – ont répondu qu'elles avaient été exposées au phosphore blanc», déclare Mozhgan Savabieasfahani. Mais quant à savoir si d'autres substances chimiques ont été dispersées pendant la guerre menée par les Américains en Irak, «il est vraiment difficile de deviner ce qui a été utilisé», répond la scientifique.
«Cependant je peux commenter les résultats des recherches que nous avons réalisées dans trois villes différentes en Irak. Nous avons pris des échantillons chez les enfants et leurs parents qui ont vécu dans des villes qui ont été lourdement bombardées, à savoir Falloujah, Hawija et Basra. Je suis en contact avec des médecins à Nasiriya. Nous constatons un niveau de plomb très élevé dans les échantillons prélevés sur les enfants, même dans leurs dents», poursuit-elle.
Le plomb, explique-t-elle, est «un composé neurotoxique très répandu» qui a un impact très fort sur les enfants.
«Cela provoque une diminution du quotient intellectuel et divers changements du comportement. C'est un composé toxique très connu en ce qui concerne le développement de l’enfant. Nous constatons des niveaux très élevés de plomb chez les enfants irakiens, ce qui nous dit que les jeunes ont été empoisonnés par le plomb issu de la pollution créée par les bases militaires américaines et les bombardements», ajoute la toxicologue.
Le groupe de chercheurs a examiné le taux de plomb dans les dents d’un bébé irakien et découvert qu’il était beaucoup plus élevé que la norme.
«Il y en avait un, par exemple, qui avait 50 fois plus de plomb par rapport aux enfants en bonne santé en Iran ou au Liban», signale Mozhgan Savabieasfahani.
Selon la chercheuse, les scientifiques irakiens, fortement préoccupés par cette «très forte augmentation du nombre de cancers» ont publié un grand nombre d'articles sur cette question.
«Pour ma part je considère que ces deux problèmes sont les plus importants en ce qui concerne la santé publique en Irak : l'épidémie de malformations congénitales, ainsi que les cancers», conclut Mozhgan Savabieasfahani.
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