Le débat sur les assassinats ciblés est «indigne», selon un ex-haut fonctionnaire de la Défense

Le débat sur les assassinats ciblés est «indigne», selon un ex-haut fonctionnaire de la Défense Source: Reuters
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Le président François Hollande a reconnu après les attentats que la France était en guerre. Donc s'il s'agit de tuer les ennemis ailleurs, le chercheur Pierre Conesa ne voit pas pourquoi cette pratique serait tout d'un coup devenue inadmissible.

RT France : Concernant les révélations de François Hollande sur les assassinats ciblés, pensez-vous qu'en effet «un président ne devrait pas dire ça... » ?

Pierre Conesa (P. C.) : Je suis surpris par l'étendue du débat qui n'a strictement rien à voir avec la réalité. On est dans un contexte pré-électoral, donc tout le monde essaye de trouver un argument chez ses adversaires pour expliquer qu'en l’occurrence le président Hollande n'est pas en mesure de diriger la France. 

Je trouve que c'est un faux débat. Parce que le président lui-même a reconnu après les attentats : «On est en guerre». Si c'est pour aller tuer les ennemis ailleurs, je ne vois pas pourquoi on va tout à coup dire que c'est inadmissible.

Il l'a simplement reconnu, mais tout le monde sait que cela se fait partout.

Je trouve que c'est un débat stupide, parce que quand après les attentats on dit : «La France est en guerre» tout le monde dit : «Oui, il faut en faire plus» et tout à coup quand on a une application d'un principe particulier qui est celui d'assassiner les responsables ailleurs, à l'étranger. On trouve cela scandaleux. Non, je trouve que le débat est indigne.

Dans l'état de la campagne électorale tout le monde saute sur toutes les occasions

RT France : Mais Nicolas Sarkozy évoque, par exemple, le fait qu'il s'agit d'un secret de défense. Est-ce effectivement le cas ?

P. C. : Non, il n'a pas dit les noms des gens ou la liste des personnes ciblées. Il a dit simplement qu'il avait donné son accord. En l’occurrence, ce n'est pas un secret de défense en soi.

S'il avait dit que telle ou telle personne avait été assassinée sur ses ordres, on aurait compris que cela donnait effectivement des éléments d'une stratégie d'ensemble de la France, ce qui pouvait être critiqué. Mais il ne l'a pas dit.

Donc je suis moins ébranlé aujourd'hui que beaucoup de gens qui font des commentaires politiques, parce que dans l'état de la campagne électorale tout le monde saute sur toutes les occasions.

Même Nicolas Sarkozy qui veut faire des camps de concentration [pour les terroristes] veut accuser le président pour avoir révélé qu'il allait donner des instructions pour faire assassiner des leaders islamistes, je trouve ça un peu ridicule.

On est dans une situation où on tue des citoyens français là-bas, mais ces citoyens ont choisi de se battre contre la France et on est dans une situation de guerre

RT France : Le député de l'Assemblée nationale Pierre Lellouche a appellé à destituer le président. Pensez-vous que cet appel va être entendu ?

P. C. : Non, c'est totalement ridicule. Tous les pays aujourd'hui qui ont vu les gens partir en Syrie, que ce soit la Russie, que ce soit la France ou d'autres pays, savent qu'il va y avoir des retours de gens qui sont très probablement très dangereux, parce que formés à des techniques de guerre, d'attentat, etc. Un décideur, un homme d'Etat sera face à une solution très simple : ou bien il sont tués sur place en Syrie – c'est ce que fait la Russie –, ou alors on décide de les ménager parce que les parents sont ici et que cela va faire un scandale. Mais vous comprenez que c'est totalement aberrant comme situation. Je comprends que des parents puissent être offusqués qu'on vise les Français qui sont là-bas, mais on n'a quand même pas des bombes qui ne tuent que des gens qui n'ont pas le passeport français.

On est dans une situation où on tue des citoyens français là-bas, mais ces citoyens ont choisi de se battre contre la France et on est dans une situation de guerre.

Tout cela paraît d'une logique terrible sauf qu'on vit ici dans un débat qui est complètement décalé par rapport à la réalité : on l'a constaté dans le cas du débat sur la déchéance de nationalité et encore aujourd'hui.

RT France : Aux Etats-Unis il y a un scandale autour de révélations des mails de Hillary Clinton. Il y a beaucoup de réactions au sein de la classe politique et une investigation par le FBI a été lancée. Ces révélations pourquoi ont-elles provoqué autant de polémique aux Etats-Unis alors qu'en France les réactions aux révélations de François Hollande sont relativement calmes ?

P. C. : D'abord parce que les Etats-Unis sont dans la phase finale, dans la dernière ligne droite avant les élections.

En France on a une primaire de la droite, une primaire de la gauche, ensuite les élections... On est quand même dans une phase préparatoire.

La deuxième chose c'est qu'évidemment les Etats-Unis n'ont pas subi les événements terroristes qu'a subis la France en 2015 et 2016. Bien évidemment, l’ambiance est totalement différente. Vous voyez, même quand il y a eu le massacre de San Bernardino, c'était le 360e cas de massacre de masse aux Etats-Unis, mais Trump a déclaré que c'était grave parce que c'était un musulman qui l’avait commis. C'était ridicule, mais personne n'a sauté sur l'occasion pour dire que cet homme était stupide et pourtant il l'est.

En France comme on a effectivement beaucoup de candidats à droite et à gauche, chacun fait attention à ce que les gens vont dire. Et il y a des députés qui sautent effectivement sur l'occasion pour déclarer des choses dénuées de sens...

Je suis surpris d'ailleurs que Pierre Lellouche ait demandé une chose pareille, parce que c'est un homme qui connait bien les affaires de la défense et s'il avait été dans la même situation que François Hollande, il l'aurait fait sans le dire.

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