Le gouvernement craint tout type de rassemblement public qui remette en cause la loi Travail, estime la députée du Calvados Isabelle Attard.
RT France : Pourquoi soutenez-vous l’action «Casseroles Debout» ?
Isabelle Attard (I. A.) : Parce que tout ce qui peut faire réfléchir joyeusement, collectivement sur la loi Travail est bon à prendre. On n’a pas très souvent l’occasion d’avoir des lieux de débat. Chaque fois qu’on peut occuper les rues et les places pour pouvoir échanger, pour discuter, pour attirer l’attention sur cette loi, sur ce qu’elle a de dangereux pour l’avenir, pour notre pays, tout cela m’intéresse. Casseroles Debout, Nuit debout, Taxi debout, etc.
Pour ce gouvernement qui a peur, chaque fois que vous aurez deux personnes qui vont discuter de la loi Travail, ce sera un danger
RT France : François Hollande et Manuel Valls se sont exprimés contre les rassemblements qui sont déjà prévus par la CGT pour protester contre la loi Travail. François Hollande dénonce les dégâts causés lors des manifestations du 14 juin. Cela veut dire que les manifestants de ce soir vont défier l’état d’urgence et les consignes du gouvernement ?
I. A. : Je pense que pour ce gouvernement qui a peur, chaque fois que vous aurez deux personnes qui vont discuter de la loi travail, ce sera un danger. Donc, à partir de ce moment-là, on devrait interdire effectivement d’avoir deux personnes qui discutent de la loi Travail ensemble, ou trois, ou quatre. Je ne sais pas où Manuel Valls et François Hollande ont vu la limite d’un rassemblement, parce que moi, je peux me rassembler avec une autre personne, même si on est deux. On est dans la plus pure logique anti-démocratique, c’est-à-dire que, parce qu’il y a eu des casseurs qui n’ont pas été surveillés par les forces de l’ordre dont c’est le travail, on interdit les manifestations.
Il y a une stigmatisation très forte par rapport à la loi Travail de tous ceux qui peuvent contester cette loi
J’aimerais que tout le monde se pose la question : parce qu’il y a des casseurs comme à l’Euro, est-ce que c’est la FIFA, est-ce que c’est les organisateurs de l'Euro-foot qui sont condamnés à payer les dégradations ou à qui on demande de ne plus organiser de matches de foot ? Les forces de l’ordre sont mobilisées pour gérer les débordements des supporters de foot – on est d’accord. Les forces de l’ordre sont mobilisées pour éviter les débordements dans les manifestations – là aussi, on est d’accord.
Je continuerai à manifester, je continuerai à contester, je continuerai même si Manuel Valls m’interdit de manifester, ce qu’il n’a pas le droit de faire.
Il y a une stigmatisation très forte par rapport à la loi Travail de tous ceux qui peuvent contester cette loi. Je conteste le passage en force avec l’article 49.3, je conteste le fait qu’il y ait des avancées sociales, il y a des régressions sociales extrêmement fortes dans la loi Travail que j’appelle la loi anti-travail. Je continuerai à manifester, je continuerai à contester, je continuerai même si Manuel Valls m’interdit de manifester, ce qu’il n’a pas le droit de faire.
La plus grande impasse : il n’y a pas de discussion
RT France : Aujourd’hui la ministre du Travail Myriam el Khomri a rencontré Philippe Martinez, le chef de la CGT, leurs désaccords se sont confirmés encore une fois. Est-on dans une impasse ou voyez-vous une ouverture dans les négociations ?
I. A. : Nous étions déjà dans l'impasse lorsque nous n’avons pas pu discuter à l’Assemblée. A quoi servent les députés ? Les députés servent à modifier, à améliorer un texte initial. Là, on nous refuse la possibilité de modifier un texte. C’est la première impasse. Et la plus grande impasse : il n’y a pas de discussion. Comment on fait pour discuter, comment on fait pour exprimer notre désaccord, parce qu’il y a plus d’un million de signataires sur une pétition contre cette loi, si le gouvernement utilise le 49.3. Et quand un vocabulaire bien choisi stigmatise ce qui s’est passé à l’hôpital Necker, donnant l’impression qu’une horde de sauvages s’est introduite dans l’hôpital ce qui est faux, que les gens ont saccagé l’intérieur de l’hôpital – ce qui est faux. Il y a eu des vitres cassés, les personnes qui l’ont fait ont été condamnées, ce ne sont pas forcément des gens de la CGT. Pourtant, il y a des vidéos qui circulent, on peut même identifier les auteurs de ces actes. Le vrai travail de la police, ce n’est pas de mettre des bombes lacrymogènes à un centimètre des visages des manifestants.
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