Si quelqu'un s'est introduit dans le serveur hautement sécurisé du Comité national démocrate et pendant un an a eu accès à ses fichiers, c'est à cause d'un défaut de sécurité, estime Peter Mark Van Buren, ancien responsable du Département d'Etat.
Le Comité national démocrate (DNC) accuse le gouvernement russe d'avoir piraté l'intégralité de sa base de données de recherche sur le candidat républicain à la présidentielle Donald Trump. Le Kremlin dément les accusations, affirmant que les prétendues fuites étaient plutôt dues aux défauts de sécurité du DNC.
«J'exclue toute possibilité que le gouvernement [russe] ou les agences gouvernementales puissent être impliqués», a déclaré à Reuters le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
Quand Gayane Chichakian, RT, a demandé au porte-parole du Département d'Etat de donner des commentaires à ce sujet, l'administration lui a répondu : «Pour des commentaires, adressez-vous au DNC.»
«Je ne vais pas me prononcer ici sur les questions qui portent sur l'application de la loi, surtout sur celle dont je ne connais pas les détails. Le gouvernement américain fait tous les jours l'objet d'innombrables cyber-attaques et intrusions émanant de toutes sortes d'endroits...»a répondu l'attaché de presse John Kirby au cours du point de presse quotidien.
RT : Comment le Comité national démocrate peut-il être aussi sûr que c'est le gouvernement russe qui est derrière cette intrusion informatique ? Ces accusations, sont-elles bien fondées ?
Vous transformez un incident de piratage en un incident diplomatique international
Peter Mark Van Buren (P. M. V. B.) : C'est une question très sérieuse et une accusation très grave. Les hackers font des pieds et des mains pour se dissimuler et les gens travaillant pour un gouvernement étranger auraient fait tout leur possible pour éviter d'être associés à ce gouvernement. De cette manière-là, vous transformez un incident de piratage en un incident diplomatique international. En outre, il y a le concept du faux pavillon. Autrement dit, si le gouvernement A a en effet fait le travail, il aurait laissé des indices laissant croire que c'était en réalité le gouvernement B qui l'avait fait pour brouiller la piste aux enquêteurs. Ce serait plus raisonnable d'accuser l'un des adversaires américains supposés des démocrates.
RT : La Russie dément ces accusations, en disant qu'il est toujours plus facile d'accuser un ennemi que de reconnaître ses propres défauts de sécurité. Est-ce possible ?
On ne veut certainement pas admettre que c'était une organisation criminelle d'un niveau plus bas qui a violé votre défense
P. M. V. B. : Les défauts de sécurité, c'est certainement noir et blanc. Quelqu'un a piraté le serveur qui aurait dû être hautement protégé, choisissant à son gré des fichiers pendant un an. Si ce n'est pas un défaut de sécurité, ces paroles ne valent rien. Ce qui a du sens, si vous êtes responsable, c'est d'admettre que vous étiez confrontés aux meilleurs des meilleurs. Quand on fait cela, on parle des intrusions au niveau international : les Russes, les Chinois, les Nord-Coréens, les Israéliens, n'importe qui. On ne veut certainement pas admettre que c'était une organisation criminelle d'un niveau plus bas qui a violé votre défense.
RT : Les responsables du comité du parti disent que les hackers avaient accès au réseau du DNC depuis un an. Combien de fois font-ils le contrôle de sécurité ? Une fois par an, ça semble assez peu.
Les intrus étaient très sophistiqués, ce qui nous fait croire que c'était une intrusion gouvernementale, car les gouvernements ont de l'argent et des technologies pour travailler à ce niveau
P. M. V. B. : Absolument, il y a deux choses qui sont en train de se passer. Tout d'abord, si l'administrateur système avait un minimum de compétences, il ou elle ferait des contrôles réguliers. C'est un processus continu, on ne l'interrompt jamais. Il y a des contrôles électroniques et des contrôles physiques. On peut supposer qu'il faisait quelque chose de ce genre. Et cela prouve que les intrus étaient très sophistiqués. Des gens qui savaient cacher leurs traces, dissimuler leur présence, ce qui nous fait croire que c'était une intrusion gouvernementale, car les gouvernements ont de l'argent, de l'expertise, des technologies pour travailler à ce niveau. C'est comme ça. Mais rien ne prouve que seuls les gouvernements puisse le faire. Des organisations criminelles qui savent à quel point cette information est précieuse ont certainement des ressources pour faire ce travail également.
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