Espionnage économique, les Etats-Unis voient rouge quand la Chine les écoute
L'administration américaine envisagerait d'imposer des sanctions économiques à la Chine après avoir subi une série de cyber-attaques commerciales. Pour Washington, ces sanctions sont devenues une «arme» banale dont ils usent et abusent.
Selon les informations du Washington Post, si les Etats-Unis réfléchissent très sérieusement à ces sanctions «qui seraient sans précédent», ils n'auraient pour autant pas encore arrêté leur décision finale, ni le calendrier. Il faut dire que le timing n'est pas très bon : dans un mois, le président chinois, Xi Jinping sera à Washington. Au programme : 21 coups de canon de bienvenue et repas fastueux à la Maison Blanche. Des sanctions qui risquent fort de jeter un sérieux coup de froid entre ces deux grandes puissances économiques.
Depuis plusieurs mois, les hackers chinois ultra-performants sont devenus la bête noire de l'administration américaine. Ces derniers auraient en effet mis la main sur des données commerciales très sensibles allant de plans de centrales nucléaires, à des codes sources en passant par des positions de négociation de grandes entreprises énergétiques. Les sanctions imaginées par Washington viseraient certaines entreprises ainsi qu'une liste de personnalités chinoises qui auraient bénéficié de ces piratages économiques.
Au mois d'avril dernier, le président Obama a signé un décret permettant de pouvoir geler les avoirs financiers et patrimoniaux des individus et des entités qui se livrent à des attaques destructrices ou espionnage commercial dans le cyberespace. Et c'est donc dans le cadre de cette nouvelle loi qu'interviendraient ces sanctions américaines, même si ni les noms des entreprises concernées, ni la liste des personnalités visées n'ont fuité pour le moment dans la presse.
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Le mois dernier, le FBI a déclaré que les cas d'espionnage économique ont bondi de 53% l'année dernière, et que la Chine y était pour beaucoup. Selon un responsable de l'administration Obama, cité par le Washington Post, les possibles sanctions permettent d'envoyer deux signaux : «Le premier concerne Pékin et signifie "on va commencer à riposter sur l'espionnage économique", le second s'adresse au secteur privé et consiste à dire "nous sommes de votre côté"». En mai 2014, Washington avait déjà obtenu les inculpations pour «espionnage économique» de cinq militaires chinois qui avaient piraté les systèmes informatiques du géant de l'acier américain. Ces sanctions seraient donc pour les observateurs, une étape supplémentaire dans la charge américaine contre les hackers de l'Empire du Milieu. Mais certains redoutent déjà la réaction chinoise et les mesures de rétorsion qui pourraient être prises en retour comme l'explique au Washington Post certains fonctionnaires qui évoquent entre autres le gel possible des avoirs américains dans le pays, ou la suspension de contrats en cours.
#Wikileaks La manie des USA et de la #NSA de surveiller leurs alliés continue avec le #Japonhttp://t.co/J0g4Qihfqspic.twitter.com/SrIGBQ68Gg
— RT France (@RTenfrancais) 1 Août 2015
Reste que si les Etats-Unis s'agacent des méthodes chinoises en matière de guerre économique et le font publiquement savoir, ils feraient pourtant bien de balayer également devant leur porte. Fin juin, WikiLeaks révélait ainsi que les grandes oreilles de la NSA avaient écouté plusieurs ministres français de l'Economie et espionné de grandes entreprises tricolores et européennes, le tout afin de chiper le plus de contrats possibles. Pas très fair-play, l'Oncle Sam !