Dans son discours sur la politique étrangère des Etats-Unis, la candidate démocrate a omis de mentionner les désastres provoqués par son pays en Libye et en Syrie, estime Jim Jatras, ancien diplomate américain et conseiller du Parti républicain.
En candidate aux présidentielles pleine d’espoir, Hillary Clinton a prononcé un discours qui devait représenter sa vision de la politique étrangère et de la sécurité nationale. Cependant, elle a préféré se concentrer sur son opposant républicain Donald Trump.
RT : Hillary Clinton n’a pas beaucoup parlé de sa propre politique étrangère. Qu’a-t-on réellement appris de ce qu’elle voulait faire ?
Elle a pris la défense de la politique étrangère des Etats-Unis de ces vingt dernières années – très peu de ce qu’elle a fait personnellement
Jim Jatras (J.J.) : En termes de ton et de style, c’était l’un de ses meilleurs discours. C’est une politicienne très maladroite. Je pense que c’était un bon discours qui développait un mauvais thème. C’était principalement «Trump, Trump, Trump est mauvais, Poutine, Poutine, Poutine est mauvais», puis elle a pris la défense de la politique étrangère des Etats-Unis de ces vingt dernières années – très peu de ce qu’elle a fait personnellement. Elle n’a pas du tout mentionné la Libye, un désastre complet et avant tout son bébé. Elle a à peine mentionné la Syrie et son rôle décisif dans la création d’un désastre qui frappe ce pays depuis 2011. En termes de fond, si on parle de sa déclaration qui sert à prouver que son expérience la qualifie pour la présidence, il n’y a rien eu. Et je pense que ça va lui revenir en pleine figure, et que c’est Donald Trump qui va le lui renvoyer en pleine figure parce que c’est son style.
RT : Cela ne pourrait-il pas jouer en faveur de Trump ? Il veut certainement attirer l’attention sur lui…
Elle n’en est pas à son coup d’essai si l’on regarde tous les pays dans lesquels elle a joué un rôle décisif dans la création de désastres
J.J. : Clinton s’en est prise au tempérament de Trump, au fait que c’est une tête brûlée, qu’il est trop impulsif, qu’on ne peut pas lui faire confiance avec l’arme nucléaire, ce qui soulève la question : voulez-vous confier les codes de lancement des têtes nucléaires à une tueuse en série de sang-froid ? Et je dirais qu’elle n’en est pas à son coup d’essai si l’on regarde tous les pays dans lesquels elle a joué un rôle décisif dans la création de désastres qui ont coûté la vie à des centaines de milliers de personnes.
RT : Clinton a critiqué Trump pour vouloir améliorer les relations des Etats-Unis avec la Russie. Pourquoi cela la préoccupe-t-elle autant ?
La direction que prend la politique américaine est extrêmement dangereuse et Hillary Clinton l’incarne dans ces élections
J.J. : Parce qu’elle structure tout son concept de politique étrangère en montrant l’intérêt d’un ordre mondial bipolaire, ce qui se résume essentiellement à l’éternelle hégémonie mondiale, la domination du monde et donc la confrontation avec la Russie, avec la Chine et quiconque ne pense pas que les Etats-Unis sont le seul pays à avoir son mot à dire. Et je pense que cette définition de la politique étrangère américaine peut être très dangereuse. Honnêtement, j’espère que Trump va faire une remarque sur ça parce que je pense que c’est de plus en plus inquiétant. Quand on voit par exemple que des bombardiers B-52, qui peuvent être équipés de missiles nucléaires, sont envoyés dans les pays baltes pour des exercices, la direction que prend la politique américaine est extrêmement dangereuse et Hillary Clinton l’incarne dans ces élections.
RT : Quelle va être la réponse des médias après ce discours ? Vont-ils faire la même remarque que vous ou bien vont-ils se concentrer surtout sur les points négatifs de Donald Tump ?
Ça va être comme pour la question du commerce et de l’immigration, où le discours de Donald Trump plait vraiment au peuple américain et répond à ses priorités
J.J. : Je pense qu’on aura un peu des deux. Je pense que certaines des têtes pensantes qui suivent la politique étrangère, en particulier certains des néoconservateurs qui soutiennent vraiment Hillary Clinton, en feront l’éloge de toute façon. Je pense que ça va opposer les pro-mondialisation aux populistes américains et que ça va être comme pour la question du commerce et de l’immigration, où le discours de Donald Trump plait vraiment au peuple américain et répond à ses priorités. Et pendant ce temps-là, elle parle de tout ce non-sens agressif et mondialiste qui a créé un tel chaos dans le monde.
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