Demander à la Russie de ne pas bombarder le Front al-Nosra, montre que les États-Unis «travaillent pour le compte de l'organisation extrémiste», affirme le lieutenant-colonel retraitée de l’armée de l’air américaine Karen Kwiatkowski.
Samedi, les terroristes du Front al-Nosra ont lancé une attaque à l’artillerie lourde sur des zones résidentielles d'Alep. Au moins 40 personnes ont été tuées et plus d'une centaine ont été blessées, selon le centre russe de surveillance du respect de cessez-le-feu sur le terrain.
RT : Les Etats-Unis ont demandé à la Russie de ne pas bombarder al-Nosra. Cela ne semble-t-il pas être une demande étrange ?
Karen Kwiatkowski (K. K.) : Si, étant donné que le Front al-Nosra est toujours sur la liste des terroristes et y est depuis 2012 - si je comprends bien. C’est donc un cas où il est très évident que les Etats-Unis travaillent pour le compte d'un groupe terroriste reconnu [en tant que tel] par les Américains eux-mêmes. Ce n'est pas une politique très claire. C’est très perturbant.
RT : Certains suggèrent que ces groupes se mélangent, qu’il est donc très difficile de les distinguer. A quel point est-ce difficile de tenir ces groupes à part ?
Quand Washington et le Département d'Etat parlent de feux différenciés qu’on mène, j’ai l’impression qu'ils vivent dans un monde imaginaire
K. K. : Il parait que c’est très difficile. Sans doute, si vous envisager de protéger les civils - ce qui, je pense, est intéresse et les Etats-Unis, et la Russie, et toutes les parties. Si vous les défendez [les civils], vous ne vous soucierez vraiment pas d’enchevêtrements [des groupes terroristes]. Si les coups de feu et la violence viennent d'une source particulière, c’est elle qui va être votre cible. C'est une chose plutôt très simple, qui devient compliquée à cause des revendications de ces bureaucrates de Washington. Leur évaluation est très académique, mais, en fait, si les gens souffrent et qu’il faut les défendre, vous ne vous arrêtez pas, vous ne vous préoccupez pas d’enchevêtrements. Je suis désolée, mais ça ne marche pas comme ça.
RT : Etes-vous surprise par le fait que les Etats-Unis ne semblent pas, d’une certaine façon, pouvoir influencer ces groupes qui s’entremêlent avec le Front al-Nosra ?
Les données de Washington sont probablement fausses
K. K. : Je pense qu'ils utilisent de très mauvaises informations. Le Département d'Etat, et même le Pentagone dans la mesure où il peut être impliqué ici, ont généralement vraiment de mauvaises informations concernant ce que sont nos alliés et à quel point on pourraient être alliés avec eux. Ainsi, quand Washington et le Département d'Etat parlent de feux différenciés qu’on mène, ou [de la nécessité de] traiter un groupe un peu différemment par rapport à un autre groupe et le faire savoir à nos soi-disant alliés, j’ai l’impression qu'ils vivent dans un monde imaginaire ; leurs données sont probablement fausses – je ne pense pas qu’elles soient à jour. Et c’est vraiment une excuse. Il faut garder à l’esprit que l'administration Obama est une administration de canard boiteux [le lame duck est le qualificatif attribué au président en fin de mandat aux Etats-Unis] – ils n’ont pas le temps de changer le cours stratégique de leur politique étrangère au Moyen-Orient et en Syrie, ils ne veulent pas le faire. Donc, là, il n'y a pas d'allant pour faire quelque chose qui pourrait réellement améliorer la situation. Fondamentalement, ils ne font que tenir la ligne et attendre la fin du mandat de l'administration. Le Département d'Etat ne dit vraiment rien. Quand ils disent: «Ils s’entremêlement. Nous voulons parler avec eux, laissez-nous du temps», c’est un langage très vide.
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