Angela Merkel n’aurait pas dû conclure un accord sur les migrants - cela l'a mise dans une situation désespérée, affirme Petr Bystron, du parti Alternative pour l'Allemagne (AfD).
La visite de la chancelière allemande en Turquie est considérée par beaucoup comme une tentative d'Angela Merkel de sauver l'accord cherchant à concilier les intérêts turcs et européens. Lors de la conférence, elle a précisé qu'il n'y aurait pas d’assouplissement pour la Turquie sur la question de l’entrée dans l’espace Schengen sans visa pour ses citoyens – même si Ankara avait précédemment menacé de se retirer de l'accord précisément à cause de cette problématique.
«J'ai dit clairement que la mise en œuvre d'un régime sans visa dépendait de 72 exigences et qu’il fallait que toutes ces exigences soient satisfaites pour accorder le droit de voyager sans visa aux citoyens turcs», a expliqué la chancelière.
Le nouveau Premier ministre turc, Binali Yildirm, a déclaré plus tôt qu’il fallait que l'Union européenne explique la situation au regard des perspectives d'adhésion de la Turquie à l’UE.
Ce qui est arrivé au parlement turc, il y a à peine quelques jours, montre que la distance à parcourir est devenue encore plus grande
RT : Selon le Premier ministre britannique, au rythme actuel, on est à plusieurs générations de l'adhésion de la Turquie à l’UE. Le pays ne saurait y accéder avant l'an 3000. Quelle est votre opinion à ce sujet ?
Petr Bystron (P. B.) : Le Premier ministre britannique David Cameron a raison ; la Turquie n’est pas prête à entrer dans l'Union européenne. Et ce qui est arrivé au parlement turc, il y a à peine quelques jours, montre que la distance à parcourir est devenue encore plus grande.
RT : La Turquie, aurait-elle oublié ce qui a été convenu quand l’accord sur les migrants a été élaboré et accepté par toutes les parties ?
P. B. : Vous voyez qu'Angela Merkel est en visite en Turquie et qu’elle est en quelque sorte dans une situation désespérée, car elle a fait cet accord avec Erdogan alors qu’elle n’aurait jamais dû le signer. La Turquie ne fait pas partie de l'Europe. La Turquie ne fait pas partie de l'Union européenne. Angela Merkel a affaire à un despote qui ne respecte pas les règles démocratiques.
La Turquie dit qu'elle est prête, qu'elle veut adhérer à l'UE [...] mais, en fait, elle veut juste obtenir un soutien financier pour son aide avec les migrants
RT : Bruxelles et Berlin insistent sur le fait que toutes les conditions pour l’attribution du droit de voyager sans visa doivent être remplies. Cela inclut la réforme de dures lois anti-terroristes considérées comme étant utilisées pour écraser l’opposition. Erdogan refuse de bouger. Quelle est la solution ? La Turquie se retirerait-elle vraiment de la négociation ?
P. B. : Je ne suis pas sûr car la Turquie use toujours du même jeu : la Turquie dit qu'elle est prête, qu'elle veut adhérer à l'UE et qu’elle essaye d'aider, mais, en fait, elle veut juste obtenir un soutien financier pour son aide avec les migrants. Mais, pendant ce temps, nous voyons qu'ils ne respectent pas ce que nous avons convenu avec eux. Ils n’envoient que des gens malades. Les autorités turques retiennent les réfugiés syriens avec une éducation supérieure en Turquie, ce qui constitue une situation très compliquée dans laquelle Angela Merkel a entrainé l'Europe.
Ils n’envoient que des gens malades. Les autorités turques retiennent les réfugiés syriens avec une éducation supérieure en Turquie
RT : Merkel a été accusé à plusieurs reprises de trop céder à la Turquie. Est-ce juste ? Y a-t-il une ligne rouge à franchir pour que Berlin et Bruxelles disent «ça suffit» ?
P. B. : En fait, l'Europe n'a pas besoin de la Turquie. L'Allemagne n'a pas besoin de la Turquie. C’est pourquoi nous devrions cesser immédiatement toute négociation. Nous devrions dire: «Il n'y aura pas d'entrée sans visa dan l'UE pour la Turquie.» Mais la réalité est qu’Angela Merkel continue les pourparlers. Ce que nous voyons n’est qu’un spectacle – Angela Merkel a rencontré des journalistes et des politiciens seulement pour donner un signal...
RT : Vous avez dit que Merkel était dans une position inconfortable : il y a quelques mois elle était [déjà] dans une position inconfortable, quand il fallait que quelqu’un propose un plan. Ce plan n’était sans doute pas le meilleur, mais ne constituait-il pas un élément positif dans cet crise ?
P. B. : Finalement il n'a pas été positif parce que maintenant nous voyons les résultats. Fermer les frontières extérieures de l'Union européenne, comme cela a été signé dans le traité de Schengen serait une meilleure idée – nous devrions soutenir la Grèce dans la construction des frontières extérieures et ne pas faire affaire avec la Turquie.
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