La députée de l'Aisne Marie-Françoise Bechtel a été parmi ceux qui ont voté en faveur de la résolution demandant la levée des sanctions contre la Russie. L'Europe a besoin d'un «partenariat fort» avec la Russie, estime la femme politique.
RT France : Pourquoi avez-vous décidé de voter pour la levée des sanctions ?
Marie-Françoise Bechtel (M.-F.B.) : Parce que je pense qu’à l’origine les sanctions étaient une erreur. C’est une erreur politique, c’est une erreur économique, c’est une erreur historique, ça fait beaucoup. Une erreur politique parce que dans l’affaire ukrainienne on pouvait faire beaucoup de reproches à la Commission européenne, à l’Union européenne. Une erreur économique parce que ces sanctions sont bien évidemment contre-productives sur l’ensemble des rapports entre nos deux pays. Elle nuit à nos produits, comme il est d’ailleurs assez naturel. Et surtout une erreur historique parce que nous avons toujours été en dialogue avec la Russie et l’Union soviétique, quelque fut la forme de cet Etat qui a connu des régimes très différents. Il est essentiel pour l’avenir et l’indépendance de l’Europe que le partenariat avec la Russie soit un partenariat fort et non pas une attitude que je qualifierais de négative de la part des Etats occidentaux.
Je suis persuadée que si tout le groupe avait été réuni on aurait eu davantage de vote "non"
RT France : La plupart de votre groupe parlementaire a voté contre la résolution. Vous n’étiez que deux avec M. Jean-Paul Dupré à voter pour la résolution. Pourquoi ?
M.-F.B. : Je sais qu’il y a d’autres députés socialistes qui auraient voté pour s’ils avaient été là. On était obligé de se déplacer pour voter, il n’y avait pas de délégation. Je sais que plusieurs de mes collègues sont très opposés aux sanctions, je ne vais pas donner leurs noms, j’ai tenté de les joindre hier mais la plupart d’entre eux étaient en voyage, nous sortons d’une période de vacances. Je suis persuadée que si tout le groupe avait été réuni on aurait eu davantage de vote "non", mais de toute façon les socialistes soutiennent la politique de leur gouvernement. J’appartiens à ce groupe mais je suis sur les franges de ce groupe, je suis une députée proche de Jean-Pierre Chevènement, je ne suis pas socialiste.
En Europe la voix de la France compte sur ces sujets
RT France : Mais en même temps, les représentants du gouvernement comme Jean-Marc Ayrault, Emmanuel Macron et Stephane Le Foll, qui se sont déplacés à Moscou depuis le début de 2016, ont tous dit qu’ils étaient pour la levée des sanctions, qu’ils souhaitent les lever mais c'est l'UE qui empêche...
M.-F.B. : Je ne dirais pas tout à fait ça, parce qu’en Europe, la voix de la France compte sur ces sujets. Je crois qu’ils sont embêtés d’être maintenant pris dans la politique de sanctions, ils souhaitent en effet lever cette politique mais ils gardent une forme de méfiance, ils veulent que les accords de Minsk soient respectés mais ils ont une lecture très unilatérale de ces accords. Je pense que le gouvernement souhaite évoluer, il a compris depuis le format Normandie qu’il valait mieux évoluer, mais ils restent quand même dans une sorte de méfiance vis-à-vis de la Russie, qui est excessive.
RT France : Pensez-vous que le gouvernement va prendre en considération ce scrutin à l’Assemblée Nationale ?
M.-F.B. : Disons que s’il est prêt à évoluer dans le bon sens, ça aidera. Mais je n’en suis pas tout à fait sûre encore.
RT France : Pensez-vous que l’Union européenne va prendre en considération ce vote ?
M.-F.B. : Ce n’est pas l’Union européenne qui guide totalement la politique des Etats. Je pense que la France, l’Allemagne, l’Italie ont une même vision des choses qui, si elle était différente, ne permettrait pas à l’Union européenne d’agir dans le sens dans lequel elle agit. C’est plutôt dans l’autre sens.
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