Pendant des années, la Turquie a laissé les réfugiés passer en Grèce. Le trafic des passeurs représente maintenant une énorme industrie en Turquie, affirme l’ancien diplomate britannique William Mallinson.
RT : L'Union européenne a critiqué la fermeture de ladite «route des Balkans» à plusieurs reprises. A-t-elle une quelconque influence sur les pays qui ont fermé leurs frontières?
William Mallinson (W. M.) : Tout d'abord, étudions quelques-unes des causes profondes. Le tout remonte évidemment à l'Occident exportant sa soi-disant liberté, et résultant en l’importation du chaos et d’individus amers et désespérés. C’est l’échec de l'Occident. Ensuite : pendant des années (et pas seulement depuis peu) la Turquie laissait ces personnes passer en Grèce. Le trafic représente en ce moment une énorme industrie en Turquie. L'UE s’est montrée absolument inutile. Au fil des années, la Grèce n’a pas arrêté de les inciter à faire quelque chose à ce sujet, et il en a résulté cet horrible marché avec la Turquie, maintenant littéralement en position de faire chanter l'Europe. Mais le principal coupable du moment est, pour moi, l'Allemagne et Angela Merkel, désormais une héroïne, une drogue presque, pour ces personnes désespérées.
Le principal coupable du moment est, pour moi, l'Allemagne et Angela Merkel
RT : Est-il juste que la Grèce soit laissée seule à gérer l'afflux de réfugiés ? Des centaines de personnes viennent tous les jours, des milliers qui s’entassent. Il fallait parvenir à un accord... Pourquoi est-ce si terrifiant ?
W. M. : [L’accord est] insuffisant et trop tardif. Et c’est terrifiant parce que la police de Skopje, à la frontière, se bat contre ces personnes désespérées qui ont payé beaucoup d'argent et prennent des mesures désespérées. Tout cela aurait pu être prévu. L'accord est trop indulgent avec la Turquie. C'est parce que l'Allemagne est particulièrement complaisante avec la Turquie.
Et également parce que l'Allemagne a ouvert ses frontières depuis longtemps laissant plus d'un million de migrants rentrer [dans le pays]. Ce qui montre bien une grande hypocrisie de la part de l’Allemagne. Rappelons qu’Angela Merkel a dit, il y a quelques années seulement, que le multiculturalisme avait échoué. Soit exactement l'inverse. Fondamentalement, le problème est que les gens ont été trop indulgents avec la Turquie.
Personne n'était apparemment en mesure de prévoir cela. Quelques personnes sensées l’ont fait. Mais, comme d'habitude, les soi-disants dirigeants l'UE courent comme des poulets sans tête et font les choses à la dernière minute. L'inutilité de l’accord conclu est illustrée par le fait que cinquante milles (voire plus) réfugiés en Grèce ne sont pas l’objet d’un arrangement dans cet accord de l'UE et devraient rester en Grèce, et ensuite finir de détruire un pays déjà largement détruit, aux abois, et ce en grande partie à cause de l'Allemagne et de ses propres... opulents politiciens.
Tout le monde était au courant, que au cours des dix dernières années, les gens arrivaient sur les îles grecques depuis la Turquie...
RT : La situation va-t-elle empirer ?
W. M. : Cela va empirer, à moins que ces personnes ne soient autorisées à entrer en Allemagne et d'aller plus loin vers le nord. Parce qu’il pourrait être encore plus difficile de les renvoyer. D'autant plus que nous savons que la Turquie renvoie en réalité tous les Syriens, par exemple, les forçant à retourner en Syrie. C’est un désordre complet. Il y a de larges groupes de personnes [véritablement] désespérées – au-delà de ceux qui prennent le train en marche, des réfugiés économiques, et d’un certain nombre de criminels. Par exemple, en Grèce, il y a maintenant environ six milles Afghans à l'aéroport d’Ellinikon qui se volent les uns les autres, qui se rendent dans le centre d'Athènes, y achètent des drogues puis en reviennent, menant la Grèce à de plus amples problèmes sociaux. C’est le chaos, et je pense que Skopje devrait être forcé à accepter la situation telle qu’elle est, l'Allemagne devrait accepter la situation telle qu’elle est, les laisser entrer, et être plus dure avec la Turquie. Et empêcher la Turquie de continuer à user de cet atout. N’oublions pas que c’est ainsi depuis des années. Tout le monde était au courant, que au cours des dix dernières années, les gens arrivaient sur les îles grecques depuis la Turquie...
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