Le parti dirigé par François Hollande est un parti capitaliste qui a le devoir d’imposer le capitalisme aux ouvriers, estime l’analyste politique indépendant Gearóid Ó Colmáin en commentant les nombreuses protestations contre la loi travail.
RT France :Pourquoi constate-t-on autant d’indignation dans les rues dans le cadre de la nouvelle réforme du Code de travail ?
O’Colmain : En fait, ce qui est en train de se passer, c’est une précarisation de la vie des travailleurs. Cela veut dire que ça va être plus facile pour les employeurs de renvoyer quelqu’un. Les droits des travailleurs, qu’ils ont gagnés à travers plus d’un siècle de lutte de classes en France, sont aujourd’hui bafoués par le gouvernement d’Hollande. On voit donc que, en France, le gouvernement actuel est un gouvernement extrêmement anti-travailleur et que les ouvriers n’en peuvent plus. Il n'y a pas de travail de qualité aujourd’hui pour la classe ouvrière en France, on assiste à un appauvrissement massif de la classe ouvrière à cause de la mondialisation.
Les droits des travailleurs, qu’ils ont gagnés à travers plus d’un siècle de lutte de classes en France, sont aujourd’hui bafoués par le gouvernement d’Hollande
L’immigration aussi joue un rôle, dans la mesure où ces étrangers vont travailler bien évidemment pour un salaire moins élevé qu’un travailleur français. Cela aussi crée des problèmes de xénophobie. Le mécontentement, face à cette situation, est surtout palpable chez les ouvriers français. Donc, on a plusieurs facteurs qui, je pense, jouent un rôle dans ce mécontentement, ce malaise français actuel que nous sommes en train de voir s'aggraver.
RT France :Pourquoi le gouvernement entreprend-il des réformes qui vont à l’encontre de la logique socialiste ?
O’Colmain: D’abord c’est un gouvernement qui n'a de socialiste que le nom.Les sociaux-démocrates ne sont pas des socialistes. Le socialisme, c’est la démocratisation des moyens de production. En France les moyens de production sont dans les mains des grands propriétaires, dans les mains de la classe dirigeante, de ce que les marxistes appellent la bourgeoisie. Le parti dirigé par François Hollande est un parti capitaliste, qui a le devoir d’imposer le capitalisme aux ouvriers. Pour faire cela, le parti a la mainmise sur les syndicats. C’est un parti de la classe dirigeante, mais qui a une grande connexion avec les classes ouvrières. C’est-à-dire que ce sont des agents de la classe dirigeante dans le mouvement ouvrier. Cela a toujours été le rôle des partis sociaux-démocrates que de trahir la classe ouvrière en faisant croire qu’ils allaient changer le système pour qu’on assiste au développement d'un capitalisme au visage humain alors que c’est le contraire.
Cela a toujours été le rôle des partis sociaux-démocrates que de trahir la classe ouvrière en faisant croire qu’ils allaient changer le système
C'est le cas depuis l’arrivée du socialisme au pouvoir avec François Mitterrand en 1980. C'est une trahison, et c’est le désespoir chez les ouvriers. Ils voient maintenant clairement que l’alternance ne veut rien dire, l’alternance c’est l’alternance des deux partis capitalistes et il y a très peu de différences entre les deux. Maintenant, le problème en France est que le parti des travailleurs n’existe plus. Le parti communiste n’est pas un parti communiste non plus parce que c’est un parti qui a des propos sociaux-démocrates. C’est un parti qui évite le mot «prolétaire», ils n’utilisent plus le mot prolétaire ou ouvrier. C’est donc un parti bourgeois. C’est ça aussi le problème en France, qu’on n'a plus un parti prolétarien dans le sens strict du terme qui représente les droits des travailleurs et qui serait capable de mener la lutte contre la classe dirigeante. D’où le malaise français actuel que nous voyons dans les rues, qui est en train de devenir de plus en plus violent et contestataire.
RT France :Pensez-vous que le gouvernement est capable d’abandonner le projet de réforme ?
O’Colmain: Je pense que, en tout cas, la réforme du Code de travail est inévitable. Ce n’est pas François Hollande qui dirige la France, c’est le MEDEF. On dit clairement que leur projet était le retour du consensus qui existait avant la libération de la France - c’est-à-dire au retour de Vichy. Si on regarde l’histoire de la France, surtout la Deuxième Guerre mondiale, pendant l’occupation des nazis, la première chose qu’ils ont faite a été de baisser les salaires du peuple. Il y avait une austérité imposée.
Les autorités sont très déterminées à précariser le travail du peuple
Aujourd’hui c’est exactement le projet économique du MEDEF. C’est un projet qu’ils vont imposer de toute façon. Les manifestations vont-elles être capables d’arrêter ce processus ? Peut-être va-t-on voir, avec l’élection présidentielle en perspective l’année prochaine, un parti se prononcer contre cette loi ? Ce n’est pas tout à fait clair. Mais je pense qu’en tout cas ils sont très déterminés à précariser le travail du peuple en France. C’est un processus européen. Il faut aussi savoir que tout cela vient de la Commission européenne et de leurs dogmes qui consistent à dire que l’échange des capitaux est plus important que la vie humaine.
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