Nadia Murad Basi Taha a été une esclave sexuelle de Daesh pendant trois mois. Dans une interview exclusive, elle a parlé à RT de sa vie en captivité et après l’évasion.
En réponse à la question de savoir si elle craignait d'être persécutée par les terroristes de Daesh, Nadia Murad a déclaré : «Après tout ce qui m’est arrivé, ma vie a cessé d'avoir un sens pour moi. Je n'ai plus rien à perdre. J'avais une famille, mais j’ai perdu ma famille. J’avais une vie normale, mais je l'ai perdue. Je vivais dans une société, mais elle a été réduite en pièces et divisée. Jusqu'à maintenant, 3 400 femmes et enfants yézidis en Syrie et en Irak sont vendus, loués, font l'objet d'échanges. Personne n’aide les Yézidis. Donc, je n’ai pas peur pour moi. Je n'ai plus rien à perdre. J'ai tout perdu, l'honneur et la dignité, la famille et la société, dans laquelle je vivais».
Jusqu'à présent pas un seul individu ne s’est donné la peine de venir à Sinjar pour voir nos tombes
En commentant sa nomination pour le Prix Nobel de la paix, qu'elle a reçue en janvier 2016, la militante des droits de l'Homme a affirmé : «Oui, je suis nominée pour le prix, mais j'ai un excellent travail et une mission importante. Ils sont plus importants que n’importe quelle récompense.
Tout un peuple, mon peuple – près de 500 000 Yézidis ont été expulsés de leurs maisons. Des milliers de personnes ont été tués. <...> Jusqu'à présent, aucune structure n’a contribué à libérer une seule jeune fille. Jusqu'à présent pas un seul individu, quel que soit son pays ou la société dont il fait partie, ne s’est donné la peine de venir à Sinjar [une ville dans le Nord-Ouest de l'Irak] pour voir nos tombes.
J’ai quelque chose de plus grand que tous les prix. J'ai un excellent travail, j’ai tout un peuple, victime du génocide
A Sinjar, le terrain est parsemé des fils et filles tués de notre peuple. <...> Oui, j'ai été nommé pour le prix Nobel. Mais que ce prix soit délivré pour mon peuple, pour toutes les minorités et les personnes qui sont en danger, pour chaque enfant et chaque femme qui souffre de la torture et de l’outrage. Pour moi ce sera un prix sacré, respecté dans le monde entier. Mais j’ai quelque chose de plus grand que tous les prix. J'ai un excellent travail, j’ai tout un peuple, victime du génocide. Et jusqu'à présent, ce génocide contre les Yézidis se poursuit».
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