«Les radiations reviennent et leur niveau reste supérieur à celui d’avant l’accident», alors que les autorités ne «font rien» pour les victimes, estime Hiroko Tsuzuki, ancienne habitante de la préfecture de Fukushima.
RT : Comment avez-vous appris l’accident ?
Hiroko Tsuzuki : Je vivais [dans la ville de] Shirakawa, dans la préfecture de Fukushima, à 80 kilomètres au sud-ouest de la centrale nucléaire Fukushima-1. J’y résidais avec mon mari et mes parents [qui vivaient] à l’étage supérieur. C’était le soir du 11 mars [2011], le jour du tremblement de terre. J’étais en train de regarder la télévision quand j’ai appris la nouvelle. On a dit que quelque chose s'était passé à la centrale nucléaire. Mais je n’ai pas compris ce que cela signifiait réellement. Le lendemain j’ai vu cette scène terrifiante à la télévision : il y a eu une grande explosion au sein de la centrale nucléaire.
Les soi-disant experts prétendaient que tout allait bien à Fukushima
Malgré ce qui se passait, je pensais encore que tout irait bien pour nous, car les autorités et les scientifiques continuaient à dire à la télévision qu’il n’y avait pas de danger, que nous ne devions pas nous inquiéter et que le niveau de radiations n’allait pas avoir d'impact considérable sur notre santé.
J’étais donc dans l’ignorance de ces choses et je n’ai pas pu protéger mes enfants de l’exposition primaire aux radiations. C’est la chose que je regrette le plus.
RT : Votre évacuation, comment s’est-elle passée ?
Hiroko Tsuzuki : J’ai remarqué qu’il y avait quelque chose de suspect dans ce que disaient les soi-disant experts. Ils prétendaient que tout allait bien à Fukushima. Je me demandais si cela n’était pas bizarre, si cela était vrai. Du coup, j’ai vérifié le niveau de la radioactivité à Shirakawa où nous vivions et j’ai découvert qu’il était plus de 200 fois supérieur au niveau habituel. J’étais tellement choquée…
A ce même moment ma fille et mon fils ont eu des saignements de nez, surtout mon fils. Il pleurait et disait : «Est-ce normal que nous restions ici ?» C’est là que je me suis aperçu qu'il ne fallait pas continuer à vivre là où les enfants ne se sentent pas en sécurité, peu importe que les saignements de nez soient dus à des radiations ou pas. Alors, je me suis renseignée sur l’évacuation. Shirakawa, où nous vivions, ne faisait pas partie des zones qui devaient être évacuées, du coup on nous appelait «des évacués volontaires». Mais [le gouvernement de] Hokkaido a dit qu’ils allaient nous accepter de la même façon que les personnes venues des zones prévues.
C’est le 21 juillet 2011 que nous sommes partis de notre maison.
Dès que quelque chose a commencé à mal tourner, ils ont dit à toutes les caméras et à tous les correspondants de quitter la salle
RT : Que pensez-vous de la décontamination des zones touchées par la catastrophe ?
Hiroko Tsuzuki : Le sol est lourdement et profondément contaminé. A mon avis, une décontamination n’a pas de sens, car les radiations continuent et leur niveau reste supérieur à celui d’avant l’accident.
RT : Pouvez-vous commenter les mesures adoptées par les autorités japonaises face à cette situation ? Prennent-elles suffisamment soin des victimes de l’accident ?
Hiroko Tsuzuki : Il y a deux ou trois jours, ils ont relancé la centrale nucléaire de Tokohama. Mais juste après son redémarrage quelque chose s’est produit. Ils étaient tout content de montrer qu’ils redémarraient ce processus, mais dès que quelque chose a commencé à mal tourner, ils ont dit à toutes les caméras et à tous les correspondants de quitter la salle.
Cela n’est-il pas étrange, n’est-ce pas mauvais ? Je ne leur fais pas confiance, car ils ne font rien pour nous, les victimes de la tragédie. Tout ce qu’ils font, c’est seulement pour les Jeux Olympiques de 2020.
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