Jean-Yves Le Drian a demandé que le général Christian Piquemal, ancien patron de la Légion étrangère poursuivi pour participation à une manifestation anti-migrants interdite, soit mis à la retraite. Le général Didier Tauzin réagit.
RT France : Le ministre de la Défense, Jean Yves le Drian, a demandé la mise à la retraite du général Christian Piquemal. Quelle est votre réaction ?
Didier Tauzin (D. T.) : Je déplore totalement le fait que le général Piquemal soit rayé des cadres. Mais c’est une mesure qui était dans l’air de toute façon. Moi-même je pourrais être sous le coup de la même décision, car je parle beaucoup et je mets en cause la politique. Mais ce sont des risques que nous consentons à prendre.
Il y a quelque chose de plus important que notre statut, que nos étoiles de généraux, c’est la France.
Notre métier est de servir la France en tous temps, tous lieux et toutes circonstances, quel qu'en soit le prix pour nos personnes.
RT France : Quelles seraient les conséquences de cette décision si elle est validée par les états-majors ?
D. T. : C’est une procédure punitive, il s’agit d’une punition. Un général de deuxième section, comme le général Piquemal, n’est plus payé de la même façon, il touche une solde de 3ème section. Cependant, on peut le rappeler en permanence et il possède d’autres avantages symboliques : il peut mettre son uniforme quand il le veut, se faire appeler général et reçoit une carte de réduction SNCF. La mise à la retraite du général Piquemal signifie qu'il sera rayé des cadres. A mon sens, c’est une procédure symbolique qui consiste a lui interdire de porter son uniforme, de se faire appeler général et de ne plus avoir les avantages SNCF.
C’est une décision qui est psychologique est vexatoire.
RT France : Comprenez-vous cette décision ?
D. T. : Je crois que le général Piquemal n’est pas le seul en cause : depuis le début de ce quinquennat, il y a beaucoup de généraux qui sont sortis de leur droit de réserve. Par exemple, le général Bertrand Soubulet qui a quitté la gendarmerie. Moi-même, je peux subir la même sanction que le général Piquemal. Il faut bien comprendre que les généraux ne s’intéressent pas à la droite ou la gauche, ce qui nous intéresse c’est la France et la sécurité intérieure et extérieure. Aujourd’hui en France, dans près de 780 quartiers de nos villes la loi républicaine n’est plus respectée et rien n’est fait. Un jour il faudra rétablir la loi républicaine ou la France éclatera. C’est pour cela qu’aujourd’hui tant de généraux se manifestent.
Récemment trois généraux ont écrit une lettre au président, directement. Il y a quelque chose qui ne va pas en France, les services ne sont pas soutenus par le gouvernement. On tire la sonnette d’alarme. Le général Piquemal l'a fait à sa façon, qui peut être considérée comme maladroite, mais il l’a fait en conscience et pour alerter l’opinion.
Nous alertons l’opinion en considérant que le gouvernement travaille aujourd’hui contre l’unité nationale et contre la sécurité des Français, intérieure et extérieure.
On considère de notre devoir de s’exprimer, on est passé du devoir de réserve au devoir d’expression.
Il est plus facile de faire taire un général que de pourchasser des malfrats ou des djihadistes… Nous avons un pouvoir, droite ou gauche confondu, qui connaît une forte dérive aujourd’hui, nous craignons vraiment que ça aille trop loin.
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