Le journaliste et écrivain russe Sergueï Strokan explique pourquoi Benjamin Netanyahou a choisi ce moment précis pour se lancer dans une campagne extrêmement risquée contre l’Iran.
Tandis qu’Israël poursuit son opération militaire contre l’Iran, il devient chaque jour plus évident que toute cette histoire n’a rien à voir avec les sites nucléaires au sein desquels la République islamique mettrait au point l’arme atomique susceptible d’attaquer l’État hébreu.
Les nouvelles attaques de sites iraniens militaires, civils et gouvernementaux semblent confirmer le contraire.
Tel Aviv fait part de sa volonté de mener une campagne contre Téhéran.
Que signifie une telle opération, et surtout maintenant ? Quand on sait que le conflit entre Israël et la République islamique d’Iran est aussi ancien que la proclamation de cette dernière, en 1979.
L’affirmation spécieuse de Benjamin Netanyahou selon laquelle les informations qu’il aurait reçues concernant des travaux secrets de l’Iran pour fabriquer une bombe ne saurait être prise au sérieux. Voilà plus de 20 ans, un scénario analogue avait été mis au point par les États-Unis pour accuser l’Irak – voisin de l’Iran – de fabriquer des armes de destruction massive en exhibant les « fioles de Colin Powell ». C’était une pure falsification, un mensonge de A à Z, mais c’est ce qui a permis aux États-Unis de mener l’opération « Liberté irakienne » qui a abouti à la chute du régime à Bagdad.
Dans son message au peuple iranien – une première pour un dirigeant de l’État hébreu – Benjamin Netanyahou a déclaré sans ambages qu’il avait pour objectif de libérer l’Iran en renversant « les ayatollahs ». L’intervention de Netanyahou contient deux points clés :
Premièrement, toute résistance à Israël serait vaine et très lourde de conséquences pour l’Iran.
Deuxièmement, les Iraniens ont une occasion rêvée de se débarrasser de leurs dirigeants et de changer de régime, et ensuite de se réconcilier avec Israël.
« Nous luttons contre un régime islamique et assoiffé de sang qui vous opprime et qui vous met dans la misère. Iraniens et Israéliens sont amis depuis Cyrus le grand », a rappelé aux Iraniens Netanyahou. On se demande pourquoi Tel Aviv n’a pas appelé son opération « Liberté iranienne » à l’instar de l’opération américaine « Liberté irakienne » menée en 2003.
Malgré le caractère imprévisible de la situation, la République islamique d’Iran dispose de tous les moyens et des coefficients de sécurité pour empêcher l’effondrement de ses bases, et ce, même en conséquence d’un acte de terrorisme d’État conduit par Israël.
Mais alors pourquoi Netanyahou s’est-il engagé dans une telle aventure précisément maintenant ?
La réponse est à chercher dans la politique intérieure du pays. Netanyahou, jusqu’au dernier moment, était dans une situation épouvantable, sa coalition menaçant de s’écrouler. L’opération militaire à Gaza, loin de marcher comme sur des roulettes, suscitait de sérieuses questions, tant auprès de l’opposition que de l’opinion israélienne en général. Deuxième pomme de discorde, la dispense de service militaire accordée aux juifs orthodoxes étudiant dans les écoles religieuses. Lors des récents débats sur le sujet, le leader de l’opposition parlementaire, Yaïr Lapid, a déclaré qu’en ne soutenant pas la proposition consistant à dispenser d’appel les juifs orthodoxes sous les drapeaux à la seule fin de sauver sa coalition pour deux ou trois semaines, le Premier ministre Netanyahou crachait à la figure de ceux qui combattent pour la Défense du pays.
C’est donc un Netanyahou en perdition qui a décidé d’ouvrir un nouveau front contre l’Iran, dernière chance pour lui de serrer les rangs d’une classe politique et d’une société israélienne en lambeaux.
Et tant pis si c’est au prix d’une épopée régionale aventuriste et d’une crise catastrophique pour la sécurité mondiale.
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