Les découvertes du ministère russe de la Défense ne sont pas une nouveauté pour les autorités américaines, britanniques et françaises, a confié à RT Marcus Papadopoulos, journaliste de la revue Politics First.
RT : Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a déclaré que la fermeture de la frontière entre la Turquie et la Syrie aiderait à interrompre la contrebande du pétrole de Daesh. Pensez-vous qu’il a raison ?
MARCUS PAPADOPOULOS (M.P.) : Les révélations de Moscou aujourd’hui sont vraiment extraordinaires. Elles sont extrêmement dévastatrices, pas seulement pour la Turquie, mais aussi pour les soutiens de la Turquie dans le monde, principalement les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France. Nous sommes en présence d’un Etat-membre de l’OTAN, qui aspire à rejoindre l’Union européenne, l’un des acteurs majeurs en Méditerranée orientale et au Moyen-Orient. Ce pays est mêlé à un commerce de pétrole qui consiste à l’acheter auprès de l’organisation terroriste la plus puissante et la plus répugnante du monde, Daesh. C’est un pays qui est présenté par les gouvernements américain, britannique et français comme un partenaire fiable pour lutter contre l’extrémisme islamiste. Ceci est un non-sens absolu. Cela donne une image terrible d’un des alliés les plus proches de l’Occident. Mais en ce qui concerne la frontière turco-syrienne, il ne fait aucun doute qu’elle doit être fermée, parce que tous les djihadistes, tous les combattants islamistes qui ont submergé la Syrie au cours des quatre dernières années sont principalement venus de Turquie. Si l’on ferme la frontière turco-syrienne, on va porter un coup aux combattants islamistes en Syrie, qu’il s’agisse de Daesh, du Front al-Nosra ou de l’ASL (l’armée syrienne libre).
RT : Pensez-vous que les Etats-Unis suivront l’exemple du ministère russe de la Défense qui a partagé ses données de renseignement concernant Daesh ?
M.P. : Personne n’entend sérieusement mettre en doute que les Américains n’étaient pas au courant des révélations russes concernant le président Erdogan et les dirigeants turcs. Les Etats-Unis disposent de l’un des services de renseignement les plus puissants dans le monde, ainsi que le Royaume-Uni et la France. Ils savent ce qu’a fait la Turquie. Franchement, ils peuvent dire qu’ils entendent bombarder les lignes du pétrole de Daesh en Syrie. Mais pourquoi ne l’ont-ils pas fait durant l’année écoulée ? Les Américains «bombardent» Daesh depuis une année, mais c’est un échec : les territoires contrôlés par Daesh en Syrie se sont considérablement élargis. Alors, bien sûr, les Etats-Unis peuvent dire qu’ils vont bombarder les lignes de pétrole de Daesh, mais les actes sont plus éloquents que les paroles. Encore une fois. C’est la Russie qui lutte contre Daesh dans les airs, c’est ce pays qui bombarde les lignes du pétrole de Daesh, pas les Américains. Les Américains en ont les capacités, les mêmes capacités d’ailleurs que l’aviation russe. Ils auraient pu le faire mais pourquoi ne l’ont-ils pas fait ? C’est la grande question à laquelle la Maison Blanche, le département d’Etat et le Pentagone doivent répondre. Les militaires russes et syriens sont les seuls qui combattent réellement Daesh et tous les groupes islamistes en Syrie.
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