Aussi bienveillants que soient leurs objectifs, les gouvernements occidentaux ont sapé la confiance de la population par leurs tentatives de contrôler le récit de la pandémie.
La semaine dernière, les médias ont multiplié les avertissements à propos du dernier variant du Covid-19, le dernier d’une longue liste. Il semble que personne n’écoute plus.
Pour une grande partie de la population, la pandémie est terminée depuis longtemps et appartient définitivement au passé. Personne ne veut tomber de nouveau dans une spirale infernale de restrictions, de confinements, de masques et de vaccinations, après que ces dernières années ont sérieusement sapé la crédibilité des gouvernements et la confiance du public en leur capacité à prendre les décisions adéquates. Les gouvernements occidentaux n’ont plus la volonté politique ni l’intérêt d’oser prendre des décisions impopulaires, même si certains tirent la sonnette d’alarme.
Les gouvernements occidentaux ont essayé de contrôler le récit de la pandémie
Sur bien des plans, la pandémie a marqué un tournant dans les relations entre les gouvernements et la population dans les pays occidentaux, précisément parce qu’il s’agissait de la première épidémie d’une telle ampleur à survenir à l’époque de la culture des médias sociaux de masse, où les gens, plus interconnectés que jamais, ont la capacité illimitée d’exprimer leurs propres opinions, d’entendre celles des autres et, ainsi, d’exprimer leur désaccord à l’égard des gouvernements et de leurs politiques. L’ère des réseaux sociaux a déjà posé de nombreux défis aux structures étatiques, alors que les gouvernements occidentaux s’efforcent de reprendre le «contrôle du récit» perdu depuis lors sur leurs populations.
La liberté des médias sociaux est un facteur clé qui a contribué, voire provoqué des résultats qui ont choqué les élites, notamment l’élection de Donald Trump aux États-Unis et le Brexit au Royaume-Uni.
Par conséquent, les classes dirigeantes des pays occidentaux ont renforcé la censure et le contrôle du discours sur les réseaux sociaux, en qualifiant les points de vue indésirables de «désinformation», voire de propagande malveillante diffusée par des pays étrangers, tels que la Chine ou la Russie.
Un précédent avant le conflit ukrainien
La pandémie de Covid-19 a ainsi entraîné l’une des plus vastes campagnes de censure jamais menées par les gouvernements occidentaux (en tout cas avant celle liée au conflit ukrainien), en particulier contre ceux qui essayaient de questionner ou de mettre en cause la nécessité des vaccins. Les gouvernements ont tenté de rétablir de manière agressive leur contrôle du récit en écrasant toute dissidence par rapport à leurs points de vue diffusés par les médias traditionnels.
Il serait déraisonnable de nier le rôle important des vaccins dans la lutte contre la pandémie du Covid-19, et même leur contribution cruciale à sauver des vies, notamment parmi les personnes âgées et vulnérables, mais la manière dont cette question a été traitée par les gouvernements a suscité une méfiance généralisée à l’égard de l’autorité en général. La raison n’en est pas que les vaccins sont «mauvais» mais que tout le monde a vu les profits accumulés par les sociétés de «Big Pharma», ainsi que la manière agressive dont les gouvernements poussaient à leur mise en place, et les gens se sont demandés si tout cela servait vraiment au «bien public». Autrement dit, les moyens utilisés (propagande et censure) ont fait échouer l’objectif poursuivi (introduction des vaccins pour sauver des vies).
Le terme «Big Pharma» désigne bien entendu un groupe de sociétés multinationales produisant des médicaments, qui possèdent suffisamment d’influence politique et de liens avec les gouvernements pour pouvoir orienter le discours public en faveur de leurs propres produits, et qui exercent donc un monopole sur les solutions apparentes à une crise sanitaire. Ces entreprises ont énormément profité de la pandémie et ont, en partie, influencé les politiques gouvernementales en la matière. Mais plus précisément, le récit a été orienté de manière à démontrer que les vaccins de Pfizer et de Moderna étaient les seuls qui devaient être utilisés, les concurrents chinois et russes faisant souvent l’objet d’une couverture négative dans les médias.
Effet inverse
Ainsi, la critique publique à l’égard des mesures de lutte contre la pandémie s’est intensifiée parce qu’il est désormais plus largement admis que ces entreprises, aidées par les médias, pratiquent «l’alarmisme» pour atteindre leurs objectifs commerciaux. Ceci, combiné à la puissance des réseaux sociaux, a provoqué une méfiance à grande échelle malgré toutes les preuves de la nocivité et de la létalité des premières formes du Covid-19, en particulier pour les malades et les personnes âgées, et du nombre important de décès liés au Covid-19 signalés jusqu’à présent. Pour cette raison, continuer à tirer la sonnette sur les nouveaux variants et la propagation de la maladie fait plus de mal que de bien, puisque cela renforce la perception que les médias tentent de faire peur à la population avec quelque chose qui n’est pas une menace réelle.
Sur le plan politique, la pandémie, accompagnée en outre d’une période de transition vers la «vraie» vie, a été épuisante. Personne n’est intéressé à faire de nouveau des sacrifices à cause d’une maladie qui est déjà perçue comme appartenant au passé, surtout si l’on pense qu’il y a un agenda derrière cela : non seulement les intérêts de «Big Pharma», mais aussi la centralisation du pouvoir, la censure et le contrôle du récit par les gouvernements.
La pandémie et le conflit ukrainien marquent une partie du changement par lequel les pays occidentaux ont cherché à reprendre le pouvoir perdu à l’époque des réseaux sociaux, obtenant l’effet inverse.